Les magistratures constituent l'ossature du cursus honorum. C'est un cadre assez strict, car les divers honneurs doivent être gérés dans l'ordre requis et en respectant les conditions d'âge minimum. Pour les différentes étapes, voir le tableau qui suit.
Toutes les charges sont électives, mais sous l'Empire, c'est le Sénat et non le peuple qui détient le pouvoir électoral. Le principe républicain de l'élection subsiste donc, mais il se réduit de facto à une cooptation au sein d'un groupe étroit.
Les magistratures républicaines sous l'Empire
Consuls
Dès Tibère, les consuls sont nommés par le Sénat, qui est aux mains de l'empereur. Au III siècle, ils sont nommés directement par l'empereur. Ils ne sont plus en exercice que 2 ou 4 mois (consules ordinarii); des «suffects» (suffecti) achèvent l'année. Malgré les restrictions apportées à la fonction, le consulat exerce un certain prestige (en particulier le consulat ordinaire), et demeure réservé à une élite. Son rôle est surtout honorifique (présidence éventuelle du Sénat par exemple), festif (donner des jeux). Il y a aura des consuls jusqu'au temps de Justinien (527-565).
Préteurs (Justice)
La préture est accessible à partir de 30 ans. Il y en a 18. Leur pouvoir a beaucoup diminué depuis la République : ils perdent la juridiction civile en Italie et la présidence des jurys criminels. On leur confie des tâches très spécialisées (préteur chargé des affaires de succession, des litiges entre le trésor et les particuliers, etc). Cette magistrature continue d'être recherchée car elle permet d'obtenir le gouvernement d'une province.
Édiles (Ville)
Ils sont de plus en plus dénués d'autorité sous l'Empire, au profit du préfet de la Ville. Ils disparaissent avec Sévère Alexandre.
Questeurs (Finances)
Depuis Sylla, la questure donne accès au Sénat. Il faut avoir au moins 25 ans pour s'y présenter. On élit chaque année 20 questeurs : une moitié exerce sa charge à Rome, les 10 autres dans les 10 provinces sénatoriales.
- Composition et recrutement - Auguste limite le nombre de sénateurs à 600, pour la plupart des anciens magistrats. Il se recrute parmi les jeunes gens issus de l'ordre sénatorial ou que l'empereur a autorisé à revêtir le laticlave. On y accède en général par la questure, gérée à 25 ans, et l'on y demeure toute sa vie, bien que les empereurs procèdent occasionnellement à des purges plus ou moins brutales.
L'empereur, en vertu de ses pouvoirs censoriaux, dresse et révise la liste (album) des membres du Sénat et de l'ordo senatorius. Il peut rayer certains noms, pour ressources insuffisantes ou indignité, ou en ajouter d'autres : le système de l'adlectio lui donne la possibilité d'introduire dans la catégorie sénatoriale qui lui plaît, en dehors de toute règle et de condition de cursus. L'adlectio permet également d'ajouter un nom à l'album sans souci de l'ordre hiérarchique existant. En effet, les sénateurs sont inscrits individuellement sur l'album par ordre de dignitas, en fonction du rang qu'ils sont atteint dans le cursus honorum. En tête viennent les consulaires, en commençant par le plus ancien (et non plus plus âgé), puis les prétoriens, et ainsi de suite jusqu'aux questeurs récemment sortis de charge.
- Attributions et rôle - Avec l'Empire, le Sénat perd une de ses attribution essentielles, la direction des affaires étrangères (diplomatie et guerre). Il reste cependant étroitement associé à l'exercice du gouvernement; il conserve au moins partiellement son rôle traditionnel en matière de législation et d'administration, voire reçoit des attributions nouvelles. Cependant, ces différentes fonctions perdent en importance au cours des siècles :
Fonction électorale : sous Tibère (14-37), le Sénat hérite des attributions électorales des comices : les comices centuriates nommaient les consuls et les préteurs, les comices tributes nommaient les édiles curules et les questeurs.
Le privilège électoral est de plus en plus restreint par l'extension graduelle du droit de présentation (commendatio) réservé à l'empereur : cette prérogative impériale, limitée d'abord aux magistratures inférieures, prend avec Vespasien un caractère général. Depuis le début du IIIème siècle, il est admis en droit que la nomination de tous les magistrats est aux mains de l'empereur.
Fonction législative : organe de délibération, le Sénat vote des sénatus-consultes, valables à l'égal des lois et des constitutions impériales. L'empereur peut prendre ses avis en politique extérieure et intérieure.
Le rôle législatif du Sénat décroît cependant de plus en plus : à partir des Sévères, les constitutions impériales deviennent l'instrument courant, à peu près exclusif, de la législation.
Fonction judiciaire : Au IIIème siècle, le Sénat cesse d'être cour de justice souveraine. L'appel au Sénat s'est effacé au Iier siècle devant l'appel à l'empereur représenté par le préfet du prétoire. La juridiction criminelle sénatoriale de première instance disparaît sous Septime Sévère au profit du préfet du prétoire et du préfet de la Ville. Le Sénat ne garde plus que le droit de juridiction sur ses propres membres.
Fonction administrative pour la ville de Rome :
Il dirige et surveille les magistrats dans l'exercice de leurs fonctions annuelles;
Le budget sénatorial est en grande partie un budget local, pour les dépenses (travaux publics, voirie, alimentation, enseignement) et ls recettes (octroi, eau, contributions diverses).
L'évolution commencée dès Auguste confine de plus en plus le Sénat dans le domaine de l'administration urbaine. Dès le IIIème siècle, en dehors de certaines prérogatives surtout honorifiques, le Sénat est en fait le conseil municipal de la ville de Rome, et l'aerarium, trésor sénatorial, devient la caisse municipale de la ville de Rome.
Les classes sociales sous l'Empire
1-
Sénateurs (clarissimi)
2-
Chevaliers (eminentissimi)
(perfectissimi)
(egregii)
3-
Citoyens romains de Rome, d'Italie et des provinces
4-
Latins provinciaux et latins juniens (citoyenneté limitée aux droits civils :jus conubii et jus comercii)
5-
Pérégrins (provinciaux libres mais sans la citoyenneté)
6-
Déditices
7-
Esclaves
Les magistratures sont toujours gratuites, mais l'exercices des fonctions sénatoriales et équestres est rétribué. Le traitement annuel des fonctions sénatoriales s'échelonne de 300 000 à 1 million de sesterces, celui des fonctions équestres de 60 000 à 300 000 sesterces.
La noblesse sénatoriale, l'ordre équestre et la bourgeoisie municipale (décurions) forment les honestiores, par opposition aux humiliores (plèbe urbaine et rurale). La distinction, purement sociale au départ, passe dans le domaine juridique à partir des Antonins. Les délits sont punis différemment selon la classe de celui qui les a commis; les humiliores sont plus sévèrement condamnés. Cette distinction s'accentue encore au Bas-Empire :
D'un côté les puissants (potentes) : ordre sénatorial, ordre équestre, fonctionnaires;
De l'autre les classes inférieures : décurions (membres des sénats municipaux), plèbe urbaine et rurale. Une nouvelle catégorie juridique apparaît, celle des colons : un colon est un exploitant rural, lié au propriétaire par contrat. Il est libre, mais attaché à la terre qu'il ne peut quitter. C'est un précurseur du serf.
La question du colonat a été revue ces dernières années, en particulier pour nuancer l'idée de servitude, d'attachement à la glèbe. Ne pas prendre au pied de la lettre ce qui précède, donc...
- Critères d'appartenance - L'ordre sénatorial (ordo senatorius) a été organisé par Auguste. Il constitue une noblesse définie à la fois par la naissance (elle est transmise héréditairement) et par la gestion des charges publiques (magistratures). L'ordo est plus large que le Sénat. Il comprend, outre les 600 membres de l'Assemblée, leurs femmes et leurs enfants des deux sexes. Tous sont désignés par l'épithète de «clarissime» depuis Hadrien. Un sénateur décédé est qualifié de clarissimae memoriae vir.
Les membres de l'ordo senatorius ont le droit de porter sur leur toge une large bande de pourpre, le laticlave, dès la prise de la toge virile, et de chausser des brodequins rouges spéciaux à double laçage. Ils occupent, en vertu d'une loi qui remonte à la République, des places réservées lors des spectacles publics, et possède divers privilèges, juridiques (n'être jugés que par leurs pairs en cas de faute grave) et fiscaux (exemption de l'hospitium, peut-être même de tout impôt foncier). Seuls les membres de l'ordre sénatorial sont admissibles au Sénat et éligibles aux magistratures.
Pour en faire partie, il faut posséder un cens de 1 million de sesterces. Cette fortune doit consister en terres, car toute activité de nature commerciale ou bancaire est en principe interdite aux sénateurs. Ce patrimoine foncier doit en outre être composé d'au moins 25% de terres italiennes. Les sénateurs ont Rome pour domicile légal et, pour quitter l'Italie, doivent obtenir du prince une autorisation d'absence (sauf s'ils désirent se rendre en Sicile ou en Narbonnaise). Il leur est d'autre part interdit de pénétrer en Égypte. Caracalla les autorise à avoir deux résidences légales, l'une à Rome, l'autre dans leur lieu d'origine.
Une considération particulière entoure les patriciens, qui se rattachent aux plus anciennes gentes de Rome. Ils ne représentent qu'une petite minorité des clarissimes et, s'ils n'ont plus depuis longtemps de privilèges politiques, ils demeurent seuls habilités à remplir certains sacerdoces, comme celui de Flamine de Jupiter, flamen Dialis.
Au IIème siècle, le nombre des sénateurs provinciaux augmente de façon significative. 38% vient d'Asie mineure, 25% d'Afrique, 12% d'Orient, 25% d'Hispanie et des Gaules principalement. Les provinces danubiennes sont très représentées (le futur empereur Trajan Dèce, consul sous Sévère Alexandre vers 233, est un des rares exemples connus). D'autres provinces sont totalement absentes : la Bretagne, la Sardaigne. C'est sous Septime Sévère qu'apparaît le premier sénateur égyptien; c'est sans doute un grec d'Alexandrie, mais sa promotion suffit à provoquer l'ire de Dion Cassius.
La composition du Sénat sous les Sévères
Années
Italiens
Provinciaux
192
54-57%
43-46%
193-217
43%
57%
222-235
48%
52%
- Les premières étapes du cursus - Les fonctions préparatoires commencent vers l'âge de 18 ans par le vigintivirat, qui se subdivise en 4 postes :
Le triumvirat monétaire : les tresviri monetales sont réservés aux jeunes gens les plus favorisés. Leur responsabilité, sans doute purement théorique, consiste dans la gestion de l'atelier monétaire de Rome.
Le decemvirat chargé de juger les litiges : ils président, sous l'autorité d'un préteur, le tribunal des centumvirs, qui statue sur les procès de succession.
Le quattuorvirat chargé de l'entretien des rues : ils assistent les édiles dans le domaine de la voirie.
Le triumvirat capital : les tresviri capitales surveillent les prisons et doivent assister aux exécutions capitales. C'est la tâche la plus ingrate et le poste le moins bien coté du vigintivirat.
Vient ensuite le tribunat militaire. Le jeune clarissime, âgé de 20 ans environ, accomplit son service militaire comme tribun laticlave dans l'état-major d'une légion. Cette milice dure 1 an. Elle est parfois omise à partir des Sévères.
À ce stade du cursus interviennent également des fonctions honorifiques, le sévirat des chevaliers romains, c'est-à-dire le commandement d'un escadron, ou turme, de jeunes chevaliers durant la cavalcade (transvectio equitum) du 15 juillet, ou bien encore la préfecture urbaine des Féries latines, liée à la fête archaïque de Jupiter Latial du 26 février, jour où tous les magistrats quittent Rome pour aller sacrifier sur le mont Albain, laissant la ville à la garde symbolique d'un praefectus urbi feriarum latinarum.
- Magistratures et fonctions - Les magistratures honorifiques n'ont d'intérêt que pour les fonctions auxquelles elles permettent d'accéder. Ces postes, à la différence des honores, comportent de réelles responsabilités et permettent à un personnage désireux de faire carrière de faire la preuve de ses aptitudes.
Le cursus honorum sénatorial
17 ans
Vigintivirat
ans :
Tribunat militaire
25 ans
Questure
Fonctions questoriennes : légats des gouverneurs de provinces sénatoriales.
27 ans
Tribunat ou édilité
30 ans
Préture
Fonctions prétoriennes : légat de légion, gouverneur légat des provinces impériales prétoriennes ou sénatoriales prétoriennes. Fonctions de gestion à Rome (préfecture de l'aerarium Saturni, de l'aerarium militare); curatelles des routes, juridicats en Italie.
32 ans
Consulat
Fonctions consulaires : préfet de la Ville, grandes curatelles romaines (eau, etc), gouverneurs des provinces consulaires, soit sénatoriales soit impériales.
Les trois grandes catégories de fonctions (questorienne, prétorienne et consulaire) sont normalement gérées après les magistratures correspondantes, mais l'empereur peut toujours nommer questorien, prétorien ou consulaire qui il veut, par adlectio. Il peut aussi introduire dans le Sénat des hommes nouveaux par la collation du laticlave. Elle concerne des hommes jeunes (18-20 ans environ), issus du milieu équestre ou municipal, ayant toute leur carrière devant eux. L'empereur les autorise à revêtir le laticlave, les assimilant ainsi à des clarissimes de naissance. Cela équivaut à leur permettre de s'engager dans le cursus honorum et notamment à se présenter, le moment venu, à la questure.
En 262, l'édit de Gallien exclut l'ordre sénatorial des commandements militaires, ce qui rend la carrière sénatoriale purement civile. Ils ne peuvent plus être légats propréteurs des provinces impériales : en effet, dans les provinces impériales prétoriennes, il n'y avait qu'une seule légion, le légat sénatorial était donc à sa tête; en revanche, dans les provinces impériales consulaires, il y avait plusieurs légions, et le légat sénatorial ne les dirigeait pas.
- Définition et critères d'appartenance - L'ordre équestre (ordo equester), dont les origines sont antérieures à l'Empire, a été réorganisé par Auguste pour former une noblesse de fonctionnaires et de serviteurs du prince. Ce sont les citoyens possédant au moins 400 000 sesterces. Il faut également être de naissance libre.
L'appartenance n'est pas héréditaire et dépend de la volonté du prince qui peut y introduire des fils de chevaliers mais aussi des notables municipaux, des intellectuels, des militaires. On dit de quelqu'un qui a été admis dans l'ordre équestre qu'il a été «orné du cheval public» (equo publico exornatus). L'expression fait référence aux origines militaires de l'ordre.
Les chevaliers portent l'anneau d'or, la toge blanche à bande de pourpre étroite (angusticlave). Le 15 juillet (Ides de juillet) de chaque année a lieu une parade, la transvectio equitum, remise à l'honneur par Auguste. À la tête de l'ordre équestre sont les princes impériaux, dotés du titre de Princes de la Jeunesse. C'est l'occasion pour les jeunes chevaliers de témoigner de leur habileté à montre à cheval.
- La carrière équestre - Elle débute par des fonctions militaires (tribunat, préfecture d'une cohorte auxiliaire, tribunat de légion ou de cohorte prétorienne, urbains ou des vigiles). C'est Claude qui organise les tres militiae, trois années de service imposées aux chevaliers dans les auxilia, les cohortes romaines ou les légions en tant que tribun angusticlaves. La mention détaillée des milices équestres devient plus rare dans les inscriptions à partir du III siècle, remplacée par la formule globale a militiis («qui a accompli ses milices»).
Il faut ajouter que depuis Hadrien les milices ne sont plus absolument obligatoires pour la poursuite du cursus. Elles peuvent être remplacées par la charge d'avocat du fisc (advocatus fisci), ouverte à de jeunes juristes qui défendent les intérêts du fisc dans les procès qui opposent l'État aux contribuables.
Vers 27 ans, on entre dans la carrière proprement dite, qui comprend deux grands échelons :
Les charges de procurateurs : procurateurs financiers, gouverneurs de provinces procuratoriennes, etc. La plupart des procuratelles concernent les aspects économiques et fiscaux de l'administration.
Les offices palatins et les préfectures : seule une minorité de chevaliers peut espérer atteindre ce dernier échelon et parvenir à un emploi tricénaire. Les offices palatins sont les grands services centraux du fisc et de la chancellerie dont les chefs, qui tendent à partir des Sévères à être qualifiés non plus de procurateurs mais de «maîtres» (magistri), dirigent les divers bureaux.
Il y a 7 préfectures, qui constituent le sommet de la hiérarchie équestre : les deux préfectures des flottes de Misène et de Ravenne, les deux préfectures provinciales et de Mésopotamie, les trois préfectures urbaines des vigiles, de l'annone et du prétoire. L'échelon le plus élevé de la carrière équestre est la préfecture du prétoire. Tout de suite après vient la préfecture d'Égypte, puis la préfecture de l'annone. Il arrive du reste qu'un préfet de l'annone soit, en sortant de charge, envoyé en Égypte dont l'une des principales fonctions est précisément d'assurer le ravitaillement de Rome.
Les membres de l'ordre équestre peuvent également obtenir quelques sacerdoces : luperques, haruspices. L'accès à l'ordre sénatorial n'est pas fermé, grâce au principe de l'adlectio. C'est par ce biais que Pertinax est entré dans l'ordre sénatorial.
Les traitements de l'ordre équestre
Sexagenarii
60 000 sesterces
Procurateur de la Minicia, curateurs des routes, préfets des véhicules dans les provinces, etc.
Centenarii
100 000 sesterces
Procurateur des eaux, etc.
Ducenarii
200 000 sesterces
Préfet des véhicules à Rome (directeur de la poste), préfets des flottes de Misène et de Ravenne, etc.
Trecenarii
300 000 sesterces
Préfet du prétoire, chefs des bureaux de la Chancellerie, directeur des finances, préfets de l'annone et des vigiles, préfets d'Égypte et de Mésopotamie, etc.
Les différentes fonctions sont assorties, à partir d'Hadrien, d'appellations honorifiques, très hiérarchiques :
Egregii |
Primipiles, préfets d'ailes, procurateurs des classes inférieures. |
Perfectissimi |
Procurateurs de premières classes, préfets de l'annone, des vigiles, directeur du bureau a cognitionibus. |
Eminentissimi |
Préfets du prétoire, et, depuis Septime Sévère, de Mésopotamie et d'Égypte. |
- Évolution de l'ordre - L'intégration à l'ordre équestre de nombreux anciens centurions a pour effet une forte augmentation des effectifs des chevaliers et du nombre de postes qui leur sont offerts. Septime Sévère crée un grand nombre de procuratelles, surtout aux deux extrémités de la hiérarchie. Ce gonflement concerne tout particulièrement Rome et l'Italie, où de nombreuses «antennes» régionales des services palatins (patrimoine, ratio privata, cursus publicus, alimenta) ont été installés. Au total, il y a sous Commode 135 postes, sous Septime Sévère 173, et vers 235-250, 182.
On voit également se préciser, au sein de l'ordo, une différenciation entre civils et militaires, certains chevaliers faisant un cursus sans passer par l'étape militaire.
On constate une montée en puissance de l'ordre équestre à la fin du II siècle et au début du III siècle. Le développement du rôle des equites se manifeste par l'octroi du clarissimat et du rang consulaire aux préfets du prétoire en fonction. Cette promotion se répercute sur l'ensemble de la hiérarchie. Mais outre ces avantages honorifiques et de titulature, les chevaliers progressent aussi au point de vue des responsabilités, avec la nomination fréquente de procurateurs équestres comme «vicaires» de gouverneurs, légats et même proconsuls (Outre l'accès au pouvoir suprême : Macrin, Maximin, Philippe l'Arabe). Si les règles administratives sont sauvegardées, l'on voit s'esquisser dans la réalité la transmission du pouvoir des sénateurs aux chevaliers.
Il n'existe cependant entre les deux ordres aucune opposition sociologique. Les fondements économiques de leur richesse et de leur puissance sont les mêmes, et il y a beaucoup de passerelles d'un ordre à l'autre, notamment par le biais du mariage. Il n'y a pas non plus entre eux d'opposition politique ou idéologique. En 193 comme en 238, on trouve des sénateurs et des chevaliers dans tous les camps. Il n'empêche que les deux ordres manifestent un très fort esprit de corps, avec tout ce que cela implique de jalousies et d'émulation.