Les empereurs romains (1/4)

L'empereur

Pour les Romains, les termes de «roi» (rex) et de «dictateur» (dictator) sont tabous, car ils ont été discrédités l'un et l'autre pour des raisons historiques : la royauté des Tarquins est perçue comme une tyrannie, comme la dictature de Sylla ou de César. En revanche, les auteurs grecs ne voient aucun inconvénient à appeler l'empereur basileus (roi), car la notion de basiléia n'a pour eux aucune connotation péjorative. C'est ainsi que Dion Cassius, de langue grecque, n'hésite pas à définir le régime instauré par Auguste en 27 avant J.-C. comme une «monarchie».

À partir du début du IIIème siècle, pour désigner l'empereur, on voit aussi apparaître l'expression dominus noster, «notre seigneur», qui traduit le développement d'une étiquette monarchique qui n'a pas encore de sanction officielle (elle ne figure pas ni sur les monnaies ni sur les diplômes militaires), mais qui se rencontre cependant sur des documents à caractère public.

1 - La personne de l'empereur

1.1 - La nature de son pouvoir

Le pouvoir de l'empereur repose en premier lieu sur l'imperium, notion qui recouvre le pouvoir de commander et d'être obéi. L'imperium appartient au peuple romain (Populus Romanus) qui le délègue à certains magistrats comme les consuls. La délégation de l'imperium au prince est considérée comme définitivement acquise lors de l'avènement et ne peut (sauf coup d'État) être ni annulée ni soumise à contrôle.

  1. La puissance tribunitienne (tribunicia potestas) : l'empereur n'est pas tribun de la plèbe ni ne peut le devenir, car il est patricien de naissance. En revanche il reçoit la puissance tribunitienne avec tous ses attributs:

    Cette puissance autrefois annuelle, limitée à Rome et la zone des mille pas, et collégiale, est pour l'empereur viagère, générale, et elle échappe à l'intervention des tribuns. Bien que conférée à vie, la tribunicia potestas est renouvelée le 10 décembre de chaque année, date d'entrée en charge des tribuns de la plèbe.

    L'empereur convoque et préside le Sénat, y fait des propositions orales ou écrites, personnellement ou par délégation; ces propositions sont automatiquement placées à la tête de l'ordre du jour. Le nombre de propositions orales est illimité, le nombre de propositions écrites est de 3 sous Probus, 4 sous Pertinax et 5 sous Marc Aurèle.

  2. L'imperium consulaire : c'est celui qu'il détient chaque fois qu'il décide de revêtir le consulat. Dans ce cas, son imperium prend fin avec sa magistrature.

  3. L'imperium proconsulaire : c'est l'ensemble des attributions civiles, militaires et judiciaires que possède un magistrat en exercice en province (proconsul ou propréteur), à l'intérieur de cette province. C'est lui qui permet à l'empereur de contrôler l'administration des provinces. L'empereur le possède de façon complète (administrative, judiciaire et militaire), illimitée dans le temps et universelle.

    Le pouvoir proconsulaire impérial est représenté par le prénom Imperator, symbole du commandement militaire supérieur (imperium militiae). L'aspect militaire du régime n'est jamais absent. Il s'exprime par le port du nom d'Imperator en début de titulature, et par deux des insignes les plus connus du pouvoir, le paludamentum (grand manteau de pourpre du général en chef), et la couronne de lauriers du triomphateur.

  4. Le souverain pontificat : l'empereur est pontifex maximus, c'est-à-dire a la présidence de l'Église officielle. Au Iier siècle, la collation du souverain pontificat est encore un acte constitutionnel distinct et postérieur à celle des autres prérogatives impériales. Cette particularité disparaît ensuite et l'empereur reçoit en bloc, dès son avènement, l'ensemble de ses pouvoirs.

    Comme souverain pontife l'empereur intervient dans le recrutement des prêtres, avec droit de présentation pour les collèges élus par le peuple (Augures, Pontifes, Quindécemvirs sacris faciundis, Féciaux). Il nomme aussi directement toute une série de prêtres et préside au recrutement des vestales. Lui revient la surveillance des cultes étrangers, la consultation des livres sibyllins et l'organisation des jeux séculaires. De toutes les grandes dignités attachées à la fonction impériale, le souverain pontificat est la dernière qui soit restée indivisible. En 161, Marc Aurèle et Lucius Verus revêtent sur un pied d'égalité le pouvoir impérial; exception est faite pour le souverain pontificat, dont seul Marc Aurèle porte le titre et assume la charge. Septime Sévère fait de même avec ses deux fils, Caracalla et Géta.

    C'est seulement en 238, à l'avènement de Balbien et Pupien, que la prérogative religieuse est également attribuée aux deux collègues. Cela devient la règle pour les derniers siècles de l'Empire.

À ces pouvoirs s'ajoute le titre honorifique de Père de la patrie (pater patriae), attribué à Auguste en 2 avant J.-C.. Cette appellation tend à assimiler le prince à un nouveau Romulus. À l'époque sévérienne, comme en témoigne Dion Cassius, tous ces titres et pouvoirs sont conférés à l'empereur en une seule fois lors de son dies imperii (jour de l'avènement). Il peut y avoir des nuances : selon le Feriale Duranum, Alexandre est acclamé imperator par les soldats le 13 mars 222, mais reçoit le lendemain, 14 mars, les titres d'Auguste, père de la patrie et grand pontife.

1.2 - La titulature impériale

La titulature impériale consiste en l'ensemble des noms, titres et surnoms qui forment la désignation officielle de l'empereur et des membres de sa domus divina. La nomenclature comporte ses noms impériaux et ses noms personnels. La titulature proprement dite se développe après le surnom d'Auguste. Elle comprend la mention de la puissance tribunitienne, le consulat, le titre de père de la patrie, celui de proconsul, les acclamations ou salutations impériales. Les victoires remportées sur les ennemis extérieurs se traduisent également par l'adoption de surnoms triomphaux tirés des peuples vaincus (Germanicus, Parthicus, etc).

La titulature impériale

P F AVG

Pius Felix Augustus

TR P1

Tribunicia potestate

COS2

Consul

PROCOS3

Proconsul

IMP4

Acclamation comme Imperator

IMP CAES

Imperator Caesar (titre)

PP

Pater patriae

PM

Pontifex maximus

1 La mention de la puissance tribunitienne est suivie d'un chiffre qui indique le nombre de renouvellements annuels; par exemple : TR P II.
2 Le consulat peut également être suivi d'un chiffre d'itération : COS III.
3 Le titre de proconsul est celui que prennent les empereurs dès qu'ils quittent le pomerium, c'est-à-dire l'enceinte sacrée de Rome.
4 Les acclamations ou salutations impériales correspondent aux victoires du prince. Il y a ou non itération : Septime Sévère compte jusqu'à 15 salutations, Caracalla 3, et Élagabal aucune.

1.3 - Les attributions de l'empereur

Le pouvoir législatif dans sa plénitude - Les juristes disent même qu'il est affranchi des lois, legibus solutus, ce qui ne signifie pas qu'il est au dessus des lois, mais qu'il est lui-même source de loi, la loi incarnée. Il n'est pas lié par des dispositions antérieures, et il peut les ignorer ou les modifier. Ses actes législatifs sont appelées «constitutions impériales»; dès le IIème siècle, elles ont force de loi dans tous les domaines. Elles se répartissent en quatre catégories :

  1. Les édits (edicta), de caractère général, applicables à tout l'Empire. Ils sont souvent repris par les empereurs suivants. On peut penser à l'édit de Caracalla de 212 (Constitution antonienne), à l'édit de Gallien en 262, à l'édit de Dioclétien en 301 (édit du Maximum).

  2. Les rescrits (rescripta), réponses écrites données par l'empereur à un particulier ou à un magistrat, et d'une portée limitée à la personne qui a demandé la consultation. Depuis Hadrien, les rescrits impériaux ont valeur de précédent et contribuent à fixer le droit;

  3. Les décrets (decreta), décisions rendues par l'empereur dans les procès. Les décrets font souvent jurisprudence;

  4. Les mandats (mandata), règlements administratifs adressés aux gouverneurs des provinces.

Sous le Bas-Empire, les constitutions impériales prennent le nom de leges (lois). Elles seront recueillies dans les différents codes (Code théodosien entrepris en 429, Code justinien en 529).

L'empereur peut également, selon la procédure traditionnelle, susciter des sénatus-consultes en s'adressant au Sénat par un discours dont le Sénat adopte ensuite le texte.

Le pouvoir exécutif - Le prince exerce sans restriction le pouvoir exécutif. Il en partage certaines attributions avec les magistrats élus, en Italie et dans les provinces sénatoriales; mais il est le seul responsable de la gestion des provinces impériales, dans lesquelles il pourvoit à tous les postes civils et militaires, nomme et révoque les gouverneurs et fonctionnaires. Il décide seul de la politique étrangère et de la paix, il lève et solde les troupes, légionnaires et auxiliaires. Il fixe le montant de l'impôt et en perçoit le revenu qui alimente le fiscus (la caisse impériale).

En vertu de ses pouvoirs censoriaux, le prince dispose de la cura morum, ce qui lui permet à l'occasion de se débarrasser d'un sénateur importun ou trop riche en l'accusant d'immoralité. Enfin, en vertu de ces droits censoriaux, il dresse l'album du Sénat et de l'ordre équestre.

Le pouvoir judiciaire - Le prince en exerce une partie, et son rôle se développe avec les progrès de la procédure extraordinaire. Ce sont traditionnellement les préteurs qui constituent et président les tribunaux et les jurys (quaestiones). Mais sous l'Empire, un nombre croissant de causes est examiné directement par les agents du prince :

Cette juridiction d'appel s'exerce surtout en matière criminelle à l'égard des citoyens romains, qui bénéficient en cas de condamnation à mort du droit de faire appel au peuple (jus provocationis). Mais elle finit par s'étendre aux causes civiles. Sous Septime Sévère apparaissent des fonctionnaires chargés d'entendre les causes en appel, généralement pour une région déterminée. En latin, on les désigne de façon générale par le terme de judex (juge).

Exceptionnellement, l'empereur ne dédaigne pas de juger une cause lui-même, si les circonstances l'y conduisent (c'est le cas de Caracalla).

1.4 - La question successorale et l'investiture

Auguste n'a pas mis en place de transmission héréditaire officielle du pouvoir, parce que le principat repose légalement sur une délégation du peuple romain, mais une telle délégation ne peut être héréditaire. En revanche, lui et ses successeurs associent un proche, fils ou adopté, au pouvoir; l'association et l'adoption sont donc les deux moyens de faire prévaloir un principe héréditaire.

  1. Tibère, associé du vivant d'Auguste à l'autorité impériale, possède déjà la puissance tribunitienne et l'imperium proconsulaire. Après la mort d'Auguste (14 après J.-C.), le Sénat n'a plus qu'à lui conférer les pouvoirs qui lui manquent encore, comme le souverain pontificat;

  2. Lors de l'avènement de Caligula (37), celui-ci ne possède aucune des prérogatives impériales, même si Tibère l'a désigné comme son héritier dans son testament. Il semble que c'est dès cet empereur, et en tout cas certainement depuis Vespasien (69-79), que les attributions impériales sont conférées en bloc au souverain dès son avènement.

    C'est une méthode infiniment plus expéditive que la collation graduelle, par une loi d'investiture, votée par le Sénat sous la forme d'un sénatus-consulte, et soumise ensuite à la ratification des comices. C'est l'acclamation par le peuple qui remplace cette ratification. Seul le souverain pontificat fait l'objet d'une collation particulière pendant les premiers siècles de l'Empire.

  3. À partir d'Hadrien, le surnom de César (Caesar) conféré à l'héritier présomptif, est la marque officielle de sa désignation à l'Empire. À partir de Géta, le titre est souligné par le superlatif nobilissimus.

Par exemple, pour l'époque sévérienne : Clodius Albinus est César de l'été 193 au début de l'année 196, quand il se proclame Auguste. Après cette rupture, Septime Sévère proclame son fils Caracalla César. Caracalla est associé au pouvoir impérial comme au Auguste le 28 janvier 198, jour où son jeune frère, Géta, est nommé César. Géta est élevé à l'augustat à l'automne 209, représentant le pouvoir impérial à York pendant que son père et son frère mènent la première offensive de l'expeditio britannica. Macrin s'associe son fils Diaduménien comme César. Sévère Alexandre est César de son cousin Élagabal.

1.5 - Le culte impérial

La religion tient une grande place dans la propagande impériale. Les divinités principales du Panthéon (Jupiter, Junon, Minerve, Mars, Vénus) reviennent le plus souvent, mais les empereurs témoignent de leurs inclinations particulières : Septime Sévère se recommande d'Hercule et de Liber Pater (divinités tutélaires de Lepcis Magna, sa ville natale), Caracalla s'attache aux dieux guérisseurs, Apollon ou Sérapis.

En vertu de la religion impériale, l'empereur est l'objet de pratiques et d'honneurs qui se multiplient au cours du temps :

La pensée politique romaine se nourrit à la fois de la réflexion théorique des philosophes grecs, et de la tradition augustéenne du principat. Le «prince» est un citoyen éminent, summus civis, un magistrat qui ne désire pas le pouvoir pour ce qu'il a d'agréable, mais par devoir civique. Il lui revient d'assurer la cohésion du corps social et d'avoir toujours présent à l'esprit le «bien commun».

L'empereur est donc censé posséder les qualités humaines, politique s et morales qui lui permettront d'assumer le fardeau du pouvoir, conçu comme une «servitude honorable». Il lui faut de l'expérience, acquise au service de l'État dans les magistratures et les charges publiques, administratives ou militaires. C'est pourquoi l'historiographie traditionaliste et sénatoriale, comme Dion Cassius, est assez systématiquement défavorable aux empereurs arrivés au pouvoir trop jeuns, par le jeu de l'hérédité, et qui manifestent des propensions à devenir des «tyrans» (Commode, Caracalla, Élagabal).

L'empereur doit également déployer toute une gamme de vertus déjà bien définies à l'époque hellénistique, et dont les quatre principales sont inscrites sur le bouclier des vertus (clipeus virtutis) offert à Auguste en 27 avant J.-C. par le Sénat et le peuple. Ce sont :

Sur ces quatre vertus cardinales repose l'auctoritas, c'est-à-dire le poids moral du prince. Elles se déclinent en une infinité de vertus secondaires qui figurent au revers des monnaies et qui touchent à la vie politique (Concordia, Providentia, Securitas), économique (Indulgentia : remise d'impôts, Liberalitas : distribution d'argent à la plèbe), morale (Laetitia, Felicitas).

2 - L'administration impériale

2.1 - Le Conseil impérial (Concilium principis)

Sous Auguste, le recrutement et la composition de ce conseil sont très flottants : l'empereur y appelle des membres de sa famille, des ministres, des hauts fonctionnaires, des chevaliers ou des sénateurs, réunis à titre individuel. L'empereur respecte la compétence de ces personnalités et écoute leurs avis, sans être aucunement tenu de les suivre. Les affaires traitées dans ce conseil sont diverses : politique extérieure, questions militaires, administratives ou judiciaires. La composition du conseil varie en fonction des affaires traitées. Dès le IIème siècle, le titre d'amici principis est officiel.

Devenu permanent sous Tibère, le Conseil est complètement réorganisé sous Hadrien :

  1. Il y introduit sous forme de fonctionnaires régulièrement appointés, les premiers jurisconsultes du temps. Pris indistinctement dans les deux ordres sénatorial et équestre, ils sont présentés par le Sénat et nommés par l'empereur;

  2. Les conseillers reçoivent désormais un traitement régulier, 100 000 à 200 000 sesterces pour les conseillers permanents, 60 000 pour les conseillers extraordinaires.

Dans la seconde partie du IIème siècle, le préfet du prétoire prend une place prépondérante au sein du conseil. Vice-président de droit, il en dirige les travaux en l'absence de l'empereur et en transmet les avis.

À partir des Sévères, le Conseil impérial devient le centre du gouvernement et le grand moteur de l'administration impériale, rejettant le Sénat complètement dans l'ombre. Le Conseil devient alors l'élément essentiel du gouvernement et de l'administration.

Constantin en fait le «consistoire sacré» (consistorium sacrum), fortement hiérarchisé, dont la compétence porte sur toutes les questions administratives et financières. L'empereur préside assis, les membres sont debout.

2.2 - Le préfet du prétoire

La préfecture du prétoire est le sommet de la carrière équestre. Les pouvoirs du préfet du prétoire (L'empereur est le chef de toutes les forces militaires, et son quartier général, praetorium, se trouve à Rome) sont d'origine militaire : il commande à tous à toutes les troupes de Rome et d'Italie, à l'exception des cohortes urbaines qui relèvent du préfet de la Ville. Il accompagne l'empereur à la guerre.

Ces pouvoirs ne tardent pas à prendre plus d'importance, surtout avec le développement des attributions administratives et juridictionnelles de la préfecture. Depuis Tibère, le préfet du prétoire est le second personnage de l'État après l'empereur :

De grands juristes se sont succédés à la préfecture du prétoire durant la période sévérienne : Papinien (205-212), Ulpien (222-223) et probablement Paul (dont la carrière est très mal documentée). Sous leur influence se précise l'inflexion «civile» de la fonction.

Ulpien, originaire de Tyr : il est probable qu'il connaissait Julia Maesa, soeur de Julia Domna. C'est sans doute avec sa participation que s'est réalisée la transition d'Élagabal à Sévère Alexandre. Il est attesté comme préfet de l'annone au début de 222, est préfet du prétoire le 1ier décembre 222. Il exerce immédiatement une grande influence sur le nouveau prince. Il est abattu par les prétoriens au printemps 223.

Le préfet du prétoire vit en outre à Rome, aux côtés de l'empereur. La nature de son commandement et l'importance de effectifs à ses ordres le rendent puissant et dangereux. Siégeant au Concilium principis, décorés du titre d'eminentissimi viri qu'ils sont seuls à porter, les préfets du prétoire sont, après l'empereur, les personnages les plus puissants de l'Empire. Ils reçoivent ordinairement les ornements consulaires (ornamenta consularia) que certains d'entre eux, comme Macrin, affectent de tenir pour équivalents à un consulat effectif.

L'empereur est obligé de compter avec le préfet du prétoire. Plautien, sous Septime Sévère, est le beau-père de Caracalla. Ce danger permanent n'échappe pas aux empereurs qui essaient d'appliquer le principe de la collégialité à la préfecture du prétoire. Macrin, préfet du prétoire, accède à la pourpre en 217; c'est ensuite Philippe l'Arabe, en 244.

Plautien : comme Septime Sévère, il est originaire de Lepcis Magna. Vraisemblablement allié à la famille sévérienne, il est l'un des plus énergiques et actifs partisans de Septime Sévère pendant la guerre civile. Préfet des vigiles en 193, préfet du prétoire avant 197. L'Histoire Auguste transmet une réputation de dureté à l'encontre des adversaires. Son ascension est marquée par un certain nombre d'éliminations touchant des hommes appartenant au parti sévérien depuis les origines : en 198 Laetus, qui participe brillament aux guerres depuis 193, ou le préfet d'Égypte.

On est frappé par l'accumulation des honneurs qu'il reçoit de l'empereur: ornements consulaires, adlectio, consulat ordinaire en 203, aux côtés du propre frère de l'empereur. C'est faire à un préfet du prétoire une situation exhorbitante. Il est amicus et necessarius des empereurs, socer et consocer Augustorum quand les fiançailles de sa fille Plautilla avec Caracalla sont célébrées; Plautilla reçoit alors le titre de Augusta. Le mariage est célébré le 15 avril 202. Il est souvent présent dans les groupes statuaires élevés par les cités en l'honneur de la famille impériale.

Caracalla convainc son père de se débarrasser de cet encombrant personnage. Il est exécuté le 22 janvier 205, sa fille est exilée, ses biens confisqués, son nom disparaît des inscriptions où il était mêlé aux membres de la domus divina. Lui succèdent comme préfets du prétoire Laetus, ancien préfet d'Égypte, et Papinien, juriste connu.

2.3 - Les offices palatins

Des grands services centralisés (officia ou scrinia) installés au Palatin et doté chacun d'un personnel de bureau (officiales) naissent peu à peu. Il y a d'une part les services financiers, d'autre part la chancellerie.

- Les services financiers -

D'autres bureaux sont affectés à la perception des impôts indirects, (comme le vingtième des héritages, vicesima hereditatium), des douanes, du revenu des mines et carrières, etc.

- La chancellerie - Les premiers bureaux apparaissent sous Auguste puis Tibère, mais c'est Claude qui organise le premier la chancellerie de façon systématique en quatre bureaux :

Ces bureaux sont au départ confiés à des affranchis, qui ont eu l'initiative de la réforme. Malgré la réorganisation de Claude, la chancellerie est encore considérée comme un organe domestique, et non comme un service d'État. Le personnel est donc recruté exclusivement dans la domesticité impériale : les postes supérieurs sont réservés aux affranchis, les employés subalternes sont pris parmi les esclaves.

La seconde étape de la réorganisation a lieu sous Hadrien : la chancellerie devient un service d'État. Hadrien crée aussi un cinquième bureau, a memoria, dont le rôle est de réunir pour l'empereur les éléments indispensables. Ce bureau reste composé d'esclaves et d'affranchis.

En revanche, à la tête des quatre bureaux d'origine, les affranchis sont remplacés par des chevaliers :

L'importance des différents bureaux ne cessent de croître. Leurs chefs sont promus procurateurs (tricénaires), et Septime Sévère rehausse encore leur dignité en leur donnant le titre de perfectissime. C'est Sévère Alexandre qui ouvre le bureau a memoria à l'ordre équestre; il en confie la direction au jurisconsulte Paul. Le personnel subalterne est composé de scribes, de secrétaires-comptables d'extraction affranchie ou servile.


Tiré de : http://historama.free.fr (fermé)

Suite :
Empereur - L'empereur à Rome (tiré du site Historama, fermé)
Empereur - L'organisation administrative (tiré du site Historama, fermé)
Empereur - Le gouvernement des provinces (tiré du site Historama, fermé)
Empereur - Les réformes de Dioclétien (tiré du site Historama, fermé)

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