Septime Sévère

Septime Sévère

Septime Sévère (v145/146 - 211), empereur romain (192-211)

Les sources au sujet de Septime Sévère sont abondantes et variées. Les fouilles archéologiques ont permis de retrouver des monnaies lesquelles célèbrent des événements dans le règne : une campagne, la traversée pacifique d'un pays ou d'une région. L'Histoire romaine de Dion Cassius est la source majeure, émanant d'un magistrat contemporain de Sévère. La perte d'une partie des oeuvres de ce personnage a été comblée grâce à deux historiens de l'époque byzantine, Jean Xiphilin et Jean Zonaras. Jean Hérodien fut lui attaché aux services administratifs impériaux ; il est l'auteur d'une histoire du règne des empereurs de Marc Aurèle à Gordien III. Anne Daguet-Gagey cite en outre très souvent l'Histoire Auguste, une recueil de 39 biographies d'empereurs, rédigé à la fin du troisième siècle et au début du quatrième par six auteurs différents (en fait un seul ayant pris six pseudonymes pour tromper les lecteurs). L'ouvrage est à manier avec d'infinies précautions tant il mêle le vrai et le faux. Pour la période qui nous intéresse, l'auteur de l'Histoire Auguste aurait puisé dans l'ouvrage d'un certain Marius Maximus, sénateur et proche de l'Empereur. Sévère a lui-même achevé une autobiographie perdue à ce jour.

AUX ORIGINES AFRICAINES

Septime Sévère est originaire de Lepcis Magna, située sur la côte de l'actuelle Libye, dans la province de Tripolitaine. Il serait né en 145 ou 146 dans une cité au statut de colonie honoraire de droit romain. La famille du futur empereur possédait des domaines (saltus) à proximité de la ville. Il semble en outre que son grand-père figurait parmi les tout premiers citoyens au moment où Lepcis devint colonie, c'est-à-dire sous Trajan. La famille était donc aisée. La mère du futur empereur se nommait Fulvia Pia ; la gens Fulvia était une grande famille de la ville. Dès sa naissance, Septime Sévère fut donc immergé dans le milieu des notables municipaux. Il avait un frère et une soeur ; il était vraisemblablement l'aîné de la famille et Publius Geta son cadet. Celui-ci réussit une belle carrière de sénateur. Son frère, notre sujet, fut élevé par sa mère, des nourrices et un pédagogue chargé de l'initier à la lecture. L'écriture était enseignée sur des tablettes enduites de cire et un style ou poinçon. Les châtiments corporels n'étaient pas rares. Sévère passa ensuite à l'école du grammairien (grammaticus) où lui fut dispensé un enseignement en grammaire et littérature sous l'égide des grands noms de la littérature antique (Homère, Vigile, Térence, Horace, Salluste, Cicéron). Enfin, un maître de rhétorique (rhetor, en grec sophiste) se chargea de lui apprendre à composer et déclamer un discours. Finalement, Sévère aurait joui d'une formation en droit.

SITUATION DE L'EMPIRE

C'est à l'âge de 18 ans que le jeune Sévère traversa la mer pour gagner Rome dans le dessein d'y parfaire sa formation. A cette époque, Rome contrôlait un Empire qui s'étendait sur 5 000 km d'ouest en est et 3 000 du nord au sud. La Dacie avait été conquise à l'époque de Trajan et l'Arabie soumise en 106. A la tête de cet immense territoire l'empereur partageait son pouvoir avec le Sénat. Le mode de désignation du principal personnage de l'État n'était plus héréditaire. Depuis Nerva en effet (96-98) qui succéda à Domitien à un âge très avancé, le choix se portait sur celui qui était présenté comme le plus capable parmi l'élite. L'empereur était porteur du surnom d'Auguste par lequel on désignait le détenteur d'une force sacrée. L'ordre sénatorial se renouvelait quant à lui toujours sur le mode héréditaire. Mais un recrutement sur la base de la fortune était aussi opéré avec l'aval de l'empereur. La triade capitoline Jupiter-Junon-Minerve veillait sur la cité et son empire. Quand Sévère arriva à Rome, Antonin venait de s'éteindre (161) et deux empereurs se partageaient désormais le pouvoir : Marc Aurèle et Lucius Verus. Le premier est bien sûr le plus connu de nous, réputé empereur philosophe, puisant aux sources du stoïcisme, doctrine vantant la maîtrise de soi et le frein aux passions. En sus, les Romains entraient dans des conflits avec les Parthes en Orient.

ROME, LA VILLE

Rome était de ce temps une ville bruyante, insalubre, ' grouillante et cosmopolite ' ; sa population était d'un million d'habitants sur une superficie de 1 500 à 2 000 hectares. L'empereur résidait dans un palais devenu avec le temps gigantesque. L'Histoire Auguste accable le jeune Sévère pour son comportement dans l'Urbs : ' Sa jeunesse fut remplie de frénésie, parfois même de méfaits. ' Sévère dut même se défendre d'une accusation d'adultère. Il assistait aux jeux au Colisée (dont le nom vient de la statue colossale dressée par ordre de l'empereur Néron et le représentant en soleil), aux courses dans le Circus Maximus lequel pouvait accueillir jusqu'à 350 000 spectateurs venus assister aux courses des quatre factions représentées chacune par une couleur : les Blancs, les Rouges, les Verts ou les Bleus. Il reçut cependant un enseignement dans la schola, dispensé dans les portiques du forum. Les exercices de déclamation se multiplièrent jusqu'aux premiers discours. Grâce à l'aide de sa famille de Rome, Sévère obtint de l'empereur le laticlave : il pouvait désormais porter l'étoffe de couleur pourpre et accéder au Sénat.

FACE AUX GERMAINS

La vie à Rome et dans l'empire devint plus difficile lorsque se répandit une maladie, sans doute rapportée par les soldats partis en Orient et proche, par les symptômes, d'une variole. Dans le même temps, vers 166, il fallut mener la guerre contre les Barbares des régions danubiennes. Après le règne pacifique d'Antonin, Marc Aurèle repartait –presque à contre coeur- sur le front. Avec les victoires remportées, Marc Aurèle fut affublé du titre de Germanicus Maximus (' Très Grand germanique ').
Septime Sévère échappa lui au service militaire mais il exerça deux fois la questure (par exemple en Bétique, une province sénatoriale au sud de l'Espagne), une charge à caractère financier pour l'essentiel. Après un tour par Lepcis pour hériter des domaines de son défunt père, Sévère fut affecté en Sardaigne. Son cursus honorum se poursuivit par une légation en Afrique, réservoir en blé et huile de l'empire. Le gouverneur en Afrique avait d'importantes charges financières et administratives ; les légats étaient là pour le soulager dans ses attributions judiciaires et effectuer des tournées à sa place. Sévère fut plus particulièrement envoyé dans le secteur de Carthage et dans les territoires du sud-ouest de la province. L'Histoire Auguste évoque déjà le côté autoritaire du personnage. La charge qu'il obtint ensuite fut le tribunat de la plèbe. A ce moment de sa vie, Sévère se maria à Paccia Marciana, une femme d'origine punique, dont il eut peut-être deux filles bien mariées par la suite. La préture lui échut ensuite, une charge juridictionnelle. Sévère fut envoyé dans la province hispanique de Tarraconaise pendant cette année.
Marc Aurèle était alors au crépuscule de sa vie ; il avait veillé à sa succession. C'est son fils Commode -lequel l'accompagnait sur le front danubien- qui était pressenti. Marc Aurèle mourut le 17 mars 180. Commode fut un bien piètre empereur ; selon Dion Cassius : ' ... plus redoutable que toutes maladies et tous les maléfices '.
Pour Sévère, un nouveau départ s'annonçait : il était affecté au commandement d'une légion qui stationnait sur l'Euphrate. A la cour du roi, les intrigues commençaient ; la soeur de Commode se compromit ainsi dans un complot ourdi avec une fraction du Sénat et un général de Marc Aurèle, son époux (Tibérius Claudius Pompeianus). Les auteurs furent trépassés. Sévère, prévenant, lui campait alors à Athènes. La Grèce était toujours au goût du jour ; par exemple l'initiation aux mystères d'Eleusis avait séduit plusieurs empereurs dont Auguste, Hadrien, Lucius Verus et Marc Aurèle. Pendant ce temps, Commode se livrait à des débauches relatées par l'Histoire Auguste :
' Il pratiquait le culte d'Isis, allant jusqu'à se raser la tête et à transporter avec soi une statue d'Anubis. Par goût de la cruauté, il obligeait les sectateurs de Ballone à se couper un bras pour de bon et contraignit les prêtres d'Isis à sa battre la poitrine à mort avec des pommes de pin. Vêtu en femme et couvert d'une peau de lion, il frappait à coups de massue non seulement des lions, mais même beaucoup d'hommes. Il déguisait en géants des estropiés et des paralysés des membres inférieurs. Un homme obèse eut le ventre fendu du haut en bas, si bien que d'un seul coup ses intestins se répandirent à l'extérieur. Il donnait le nom d'organes sexuels masculins et féminins à certains de ses gitons auxquels il prodiguait spécialement ses étreintes. Il avait auprès de lui un homme doté d'un pénis d'une taille supérieure à celui des animaux ; il l'appelait ' Onos ' et en était tellement entiché qu'il le couvrit de richesses et le préposa au sacerdoce d'Hercule Rustique. Il mélangeait souvent des excréments humains aux mets les plus coûteux et ne se faisait pas faute d'y goûter, pensant ainsi se moquer des autres. '
Il donna des spectacles nombreux, s'exhiba nu dans le Colisée, exigea de se faire appeler d'un nom de gladiateur.
Le Lepcitain, continuant d'exercer loin de Rome, fut alors affecté à Lyon où il dut combattre un déserteur de l'armée romaine devenu brigand. Veuf, Sévère se remaria alors avec Iulia Domna, un syrienne, prêtresse du culte d'Emèse en Syrie, cultivée et de caractère. C'est donc à Lyon que naquit leur enfant : Septimius Bassianus plus tard appelé Caracalla (4 avril 188). Géta, son frère cadet vint au monde à Rome. Le nom avait été choisi en hommage au grand-père. En 189, le Sénat confia à Sévère la Sicile, en qualité de proconsul. Rome venait de brûler dans un incendie. A cette époque furent nommés une foule de Consuls (25 pour la seule année 190) dont Sévère. Avant de partir pour la Pannonie, Sévère fit l'acquisition de jardins, en conformité avec son rang.
Commode fut finalement écarté du pouvoir par un nouveau complot le 31 décembre 192 : ' Ils lui administrèrent du poison ; mais devant son peu d'efficacité, ils le firent étrangler par un athlète avec lequel il avait l'habitude de s'entraîner '.

LA SUCCESSION DE COMMODE

En l'absence d'héritier, le Sénat choisit le préfet de la Ville Pertinax pour lui succéder mais celui-ci fut rapidement assassiné. Didius Iulianus, son successeur, ne parvint pas à faire oublier le procédé utilisé pour obtenir le pouvoir : un marchandage indigne de l'empire. Niger gouvernait alors la Syrie, en qualité de légat. Septime Sévère décida donc de tenter sa chance mais il devait se débarrasser de Niger avec le soutien des légions de l'occident et d'Albinus, un parent de Iulianus, gouverneur de Bretagne. Sévère combla de sesterces les légions pour en obtenir le soutien. En cherchant le premier à maîtriser Rome, Sévère l'emporta contre son adversaire. D'autant que pour l'affaiblir, le nouvel empereur fit enlever par Plautien les enfants de Niger. Il fit un sacrifice sur le Capitole pour s'attirer les faveurs des Dieux. Il prit pour modèle Marc Aurèle et l'éphémère mais regretté Pertinax. Les partisans sénateurs d'Iulianus furent exécutés. Il désigna un homme de confiance comme préfet de la ville afin de partir l'esprit tranquille en Orient en finir avec Niger. Toujours dans le dessein de s'attirer les faveurs de ses sujets, Septime Sévère reprit les distributions frumentaires. Sévère dépêcha en Thrace une armée commandée par un sénateur de fraîche date : Lucius Maximus Perpetuus Aurelianus, sans doute une des sources de l'Histoire Auguste. Après moultes péripéties, Niger fut vaincu et eut la tête tranchée : ' Sévère l'ayant envoyé à Byzance, la fit attacher à une croix afin d'exciter, par ce spectacle, les habitants à se ranger de son parti '.

SÉVÈRE AUX COMMANDES

Pour procurer des liquidités à l'Empire, Sévère fut contraint de procéder à une dévaluation de la monnaie. Auparavant les équivalences entre les différentes monnaies étaient les suivantes : un aureus (or) valait 25 deniers (argent) qui valait 100 sesterces qui valait 200 dupontii et 400 as (orichalque, cuivre et zinc). La réforme consista à faire passer le taux de fin de la pièce d'argent à 50 %, le denier ne contenant qu'environ 1,85 g de métal précieux.
Avec cet argent, Sévère engagea des campagnes punitives en orient pour assujettir les peuples qui avaient soutenu Niger : l'empire fut à cette occasion étendue jusqu'au Tigre.
Sévère se désigna en 195 fils du divin Marc Aurèle et ce faisant frère de Commode qui fut ainsi réhabilité.
Albinus avait été neutralisé pendant les campagnes de Niger par son association fictive au pouvoir (le titre de César lui avait été donné par Sévère). Lorsqu'en 195, Sévère désigna ses aïeux, Albinus comprit qu'il était écarté du pouvoir. Il fallait pour Sévère marcher cette fois-ci vers l'ouest. La grande bataille eut lieu à Lyon le 19 février 197. Albinus se donna la mort lorsque les troupes de Sévère investirent la ville. Ses partisans furent passés par les armes, en particulier au Sénat et leurs biens confisqués pour le plus grand bénéfice des caisses du Trésor impérial.
Sévère savait qu'il devait être redevable de la fidélité de l'armée à laquelle il offrit de fastueux spectacles.
En 197, ses deux enfants portaient le titre de César et Sévère avait regagné l'orient (Antioche, Syrie). En 198, Caracalla devint Auguste donnant naissance à une rivalité féroce entre les deux frères. Sévère ne parvint jamais à conquérir Hatra. Fin 199 et en 200, Sévère renonça à Hatra pour une croisière en Égypte. L'Égypte était alors chargée de fournir le tiers de l'approvisionnement en grain.
Pour répondre aux doléances des sujets de l'empire, Sévère procédait par la rédaction des apokrimata. Ces textes disaient par exemple que les femmes pouvaient emprunter et rembourser des sommes d'argent ; que les orphelins devaient être protégés ; affirmait le principe de la responsabilité individuelle par rapport à la fiscalité et de l'exemption des septuagénaires et des pères de cinq enfants des charges municipales.
A son retour, Caracalla devint consul, la cérémonie eut lieu à Antioche (il était alors âgé de treize ans).

DÉCENNALES

De grandes fêtes se déroulèrent à Rome pour fêter 10 ans de pouvoir (printemps 202). En outre, cette cérémonie allait coïncider avec le mariage de Caracalla avec la fille du préfet du prétoire Plautien (sorte de vice-empereur), une union vouée à l'échec.
Pour laisser une trace de son passage au pouvoir, Sévère fit construire des monuments dans Rome à sa gloire : l'arc de triomphe du forum, une statue équestre, une fontaine monumentale au nom de Septizonium, un autre arc au forum boarium.

L'HOMME ET SON GOUVERNEMENT

Sévère s'habillait très simplement : ' à peine y avait-il un filet de pourpre sur sa tunique, tandis qu'une chlamyde en tissu rugueux recouvrait ses épaules. Pour la nourriture, il était très frugal, adorait les légumes verts de son pays d'origine, appréciait le vin de temps à autre et se passait souvent de viande '.
Il se faisait seconder dans sa tâche par un Conseil impérial ; un bureau des libelles était chargé des requêtes des particuliers ; un bureau des enquêtes des dossiers pour le tribunal. Il s'entoura de juristes dont Papinien, Ulpien et Paul. Son préfet du prétoire Plautien fut aussi un précieux second mais son enrichissement scandaleux et le mariage raté de sa fille fut à l'origine d'une retentissante rupture. Dion Cassius révéla en outre ses méthodes d'une grande cruauté : ' il fit castrer chez lui cent Romains de naissance libre, et cette entreprise ne fut connue de nous qu'après sa mort. Ce ne furent pas seulement des enfants et des jeunes gens qu'il fit castrer, mais aussi des hommes, dont quelques-uns avaient des femmes, afin que sa fille Plautilla, qu'Antonin épousa dans la suite, eût des eunuques tant pour la servir que pour lui enseigner la musique et tous les autres arts. ' Sévère se décida à agir quand Caracalla vint se plaindre auprès de lui de l'insolence de sa femme. Convaincu de sa chute, Plautien tenta de faire assassiner l'empereur et sa descendance, mais son projet avorta. Il fut massacré et son corps jeté à la rue. Les biens du préfet furent confisqués.

DESCENDANCE ET NOUVEAU SIÈCLE

Les enfants de Sévère ne se comportaient pas ainsi que leur père aurait voulu ; outre qu'ils se haïssaient, ils se complaisaient dans les jeux des gladiateurs et des conducteurs de chars.
Le nouveau siècle fut cependant l'objet d'une célébration à une date a priori curieuse (204) mais qui correspondait à la datation adoptée sous Auguste où les siècles duraient 110 années. Un sacrifice fut accompli selon le rite grec ; l'empereur procéda lui-même au sacrifice de neuf agnelles et d'autant de chèvres noires. Il n'était pas question de se voiler la tête avec la toge comme dans le rite romain mais il fallait porter une couronne de laurier et jeter quelques poils de la bête dans le feu. Les festivités furent suivies d'une procession.

DANS LES PROVINCES

Les réalisations de l'empereur dans les provinces furent nombreuses : constructions de voies, de places fortes, installations de garnisons de fantassins et de cavaliers. Sa ville natale ne fut pas oubliée. La promotion de cités au ius italicum qui revenait à les exempter de toute imposition foncière pour assimiler les colonies à des cités italiennes se répandit (Héliopolis, Laodice et Tyr, en Syrie, Lepcis Magna et Utique en Proconsulaire). Le Lepcitain savait récompenser les cités alliées dans les guerres intestines et punir lourdement les autres. A Lepcis, un arc en son honneur fut dressé ; le port fut réaménagé ; une rue à colonnades orientée vers le sud-ouest dressée. Deux cents colonnes de ce site devait connaître un curieux destin : ' Au XVIIième siècle, le consul de France, Claude Lemaire, obtint du sultan de Constantinople l'autorisation de les faire déposer et expédier à Versailles, où Louis XIV était en train de transformer le relais de chasse de Louis XIII en demeure somptueuse. En 1704, quatre autres de ces colonnes furent utilisées pour soutenir le baldaquin du grand autel de l'église mauriste de Saint-Germain-des-Près, un ensemble monumental qui ne devait pas survivre à la Révolution. Les cathédrales de Rouen et de Brest, la cocathédrale Saint-Jean à Malte, ainsi qu'un palais d'Istanbul, partageraient, dit-on, le privilège de posséder également des marbres d'origine lepcitaine. L'initiative française fit des envieux et c'est ainsi qu'au XIXième siècle, un consul britannique obtint un privilège semblable pour sa Très Gracieuse Majesté, qui cherchait alors à orner le parc du château de Windsor. '
Le chantier du forum et de la basilique débuta sous Septime Sévère pour s'achever sous son fils.

AVEC LES CHRÉTIENS

La progression du christianisme dans l'empire avait conduit Marc Aurèle à utiliser la répression : à Lyon, des martyrs (Blandine et Sanctus) furent exécutés dans l'amphitheâtre du sanctuaire fédéral des Gaules et furent suppliciés. Du temps de Sévère, les chrétiens furent épargnés avant de connaître la persécution du préfet Laetus en Egypte. L'empereur ne se serait pas acharné contre les chrétiens mais aurait condamné certaines de leurs factions au titre d'associations illicites.
En 208, Sévère repartit pour des campagnes en Bretagne accompagné de ses fils pour les détourner de leurs futiles occupations ; la santé de l'empereur était alors déclinante et il ne pouvait chevaucher. La guerre prit la forme d'une guérilla très meurtrière. A ce moment, Caracalla semblait éprouver de plus en plus de pulsions meurtrières contre son frère et même peut-être contre son père. ' Cet épisode devait inspirer au peintre Greuze une toile conservée au Louvre, intitulée L'empereur Sévère reproche à Caracalla, son fils, d'avoir voulu l'assassiner. C'est dans ces circonstances pénibles que Septime Sévère rendît l'âme le 4 février 211 à Ebucarum. Caracalla n'aurait rien fait pour freiner l'agonie de son père. En 211, Caracalla devait assassiner son frère ; en 217, son règne s'achève dans un bain de sang. Ainsi s'accomplit la prédiction qui avait été formulée à Septime Sévère dans le sanctuaire de Zeus Belos, à Apamée sur l'Oronte : ' ta famille tout entière nagera dans le sang '. Au prix de guerres très coûteuses, Sévère avait relancé les conquêtes, ajoutant à l'empire deux provinces orientales : l'Osrhoène et la Mésopotamie. On lui prête ces propos au crépuscule de sa vie : ' L'État était en proie aux pires désordres quand je l'ai reçu ; je le laisse pacifié, même en Bretagne. Maintenant, vieux et podagre, je lègue à mes chers Antonins, un empire qui restera fort s'ils se comportent bien, mais deviendra faible s'ils se comportent mal. '

D'après Anne Daguet-Gagey, Septime Sévère, Payot.


URL d'origine : historama.free.fr



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