La sécurité à Rome

La politique urbaine à Rome

L'architecture romaine, éléments et influences
L'action édilitaire des empereurs
Le décor urbain de la ville
Les organes urbains dans la ville
L'eau dans la ville
La sécurité
La préfecture de l'annone

La sécurité à Rome (d'après Léon Homo)

1 Les services de police


Figure 1 : Les empereurs et la sécurité à Rome au Ier siècle

Auguste

27 avant J.-C.-14

Il crée les cohortes urbaines.

Tibère

14--37

Il organise les cohortes urbaines : il y en a 3. Les 9 cohortes prétoriennes, jusqu'alors dispersées en Italie, sont réunies dans un seul camp (Castra Praetoria). La cohorte de service au palais prend son mot de l'empereur et pas du préfet du prétoire. En 24, une loi accorde le droit de cité au vigile au bout de six ans de service.

Caligula

37--41

Les cohortes prétoriennes passent de 9 à 12. À sa mort, les cohortes urbaines tentent de jouer un rôle politique, quand les consuls et le Sénat occupent le Forum et le Capitole avec elles pour tenter de rétablir la République. Les divisions du Sénat et les demandes de la foule aboutissent à l'investiture de Claude.

Claude

41--54

Il semble porter de 3 à 7 le nombre de cohortes urbaines.

Galba

68--69

Il dissout la garde germaine, garde privée de l'empereur.

Vitellius

69

Il semble ramener de 7 à 4 le nombre de cohortes urbaines. Celles-ci, pendant la lutte entre Vitellius et Vespasien, tentent de jouer un rôle analogue au leur en 41. Il y a 16 cohortes prétoriennes.

Vespasien

69--79

Apparition des equites singulares, garde privée de l'empereur recrutée parmi les ailes de cavalerie auxiliaire et de préférence dans les contingents du nord. Ils sont stationnés dans les Castra Priora et les Castra Nova ou Severiana. Apparition des speculatores, embryon d'une police de sûreté.Disparition définitive des fonctions de police des édiles, qui passent au préfet de la Ville.


1.1 Chefs et troupes de police

1.1.1 La direction de la police

Sous le Haut-Empire, la police de la capitale n'a pas d'unité de direction, mais relève de plusieurs chefs :

Les troupes affectées au service de la police dans Rome comprenaient trois éléments :

  1. Les troupes spéciales de police : cohortes urbaines (police diurne) et cohortes de vigiles (police nocturne et incendies).

  2. Les autres troupes de la garnison : garde prétorienne, garde privée (qui varie : garde germaine, puis equites singulares, et enfin protectores).

  3. La police judiciaire et de sûreté : frumentarii.

1.1.2 Les cohortes urbaines

Les cohortes urbaines ont été créées par Auguste, mais organisées seulement sous Tibère. Il y en a trois à l'origine; il semble que Claude porte leur nombre à sept, qu'elles soient ramenées à quatre sous Vitellius. Au temps d'Antonin, il y a cinq cohortes urbaines à Rome, la cinquième étant détachée au dehors; après Caracalla, on revient au chiffre de trois. Deux autres cohortes sont signalées à Ostie et à Pouzzoles (ports d'importation intimement liés à l'approvisionnement de Rome), chargées du service de police et sans doute aussi de celui des incendies.

Organisées sur le type des cohortes prétoriennes, mais sans contingent de cavalerie, les cohortes urbaines comprenaient 1 000 hommes par cohorte, voire 1 500 avant Vitellius. La plupart des recrues sont originaires d'Italie. Après la réforme de Septime Sévère, le recrutement italique, supprimé pour la garde prétorienne, se maintient pour les cohortes urbaines. Le temps de service légal est de vingt ans, mais l'État peut libérer un soldat avant l'expiration de ce terme.

Chaque cohorte est commandée par un tribun, le plus souvent un spécialiste des services urbains passé par le tribunat des vigiles; il recevra ensuite de l'avancement en devenant tribun des prétoriens. Au dessous du tribun, à la tête des centuries, sont placés des centurions qui ont fait en général leur apprentissage dans les centurionats légionnaires et les centurionats des vigiles; un certain nombre de ces centurions urbains sortaient des evocati Augusti. Les sous-officiers (les principales) sont à peu de chose près, les mêmes que dans l'armée de ligne. Comme dans celle-ci, ils se divisent en deux groupes, les uns détachés auprès du préfet de la Ville dont ils forment l'officium, les autres servant dans le corps même.

Sous le Haut-Empire, les cohortes urbaines sont casernées au Castra Praetoria Camp Prétorien, sur le Viminal, avec les cohortes prétoriennes. Aurélien leur construit, entre 270 et 275, uns caserne particulière (Castra Urbana) au Champ de Mars, dans le Campus Agrippae.

1.1.3 Les autres troupes de police

Ces troupes comprennent trois éléments fondamentaux : la garde prétorienne, la garde privée et des détachements divers.

  1. La garde prétorienne.

    Tant par le nombre de ses effectifs (entre 9 000 et 15 000 hommes selon le nombre variable des cohortes) que par la qualité de son recrutement, la garde prétorienne occupe le premier rang parmi les troupes de la garnison de Rome. Sous Auguste, elle compte neuf cohortes, dont seulement trois stationnées à Rome pour garder le palais, les autres étant dispersées dans toute l'Italie. Tibère les réunit dans un seul camp, le Camp prétorien (Castra Praetoria), sur le Viminal, aux portes de la ville 1 ; tout le corps se trouve donc présent dans la capitale. De neuf cohortes, le nombre passe à douze sous Caligula et Claude, à seize sous Vitellius. En 112 et en 298, il y en aura dix.

    Chaque cohorte comprend 1 000 hommes d'infanterie, auxquels s'ajoute un contingent de cavalerie; elle comporte dix centuries de fantassins et, semble t-il, dix turmes de cavaliers. Le commandement appartient à un tribun, supérieur dans la hiérarchie militaire, non seulement aux tribuns légionnaires, mais aussi aux tribuns des cohortes urbaines et des cohortes de vigiles.

    La durée du service y est de seize ans. Le recrutement, dans les deux premiers siècles de l'Empire, se fait en Italie, mais contrairement à ce qui se passe pour les autres corps urbains, pas à Rome même. Septime Sévère réforme radicalement ce recrutement : plus de recrutement italien, mais recrutement parmi les légionnaires, donc les provinciaux, et surtout les légionnaires de l'armée du Danube.

  2. La garde privée.

    D'autres corps détachés à Rome forment autour de l'empereur une garde particulière capable, le cas échéant, de prêter main-forte à l'autorité publique.

    Le corps de Statores Augusti formé avec les soldats d'élite des cohortes prétoriennes dont ils constituent un détachement. Divisés en plusieurs centuries, ils occupent dans le camp une place d'honneur.

    Puis, nés avant tout de la défiance que les empereurs manifestent à l'égard des cohortes prétoriennes, différents corps assumeront successivement aux côtés du souverain le rôle d'une garde privée :

  3. Les autres troupes.

    D'autres troupes sont détachées à Rome avec affectation de services spéciaux, particulièrement de police. Les >frumentarii semblent avoir tenu garnison à Rome de Galba (ce sont alors des speculatores) à Dioclétien. Ils remplissent un service de sûreté, de gendarmerie et d'espionnage, ce qui permet de les rattacher tout spécialement à la police judiciaire. Leur caserne (les Castra Peregrina) se trouvait sur le Caelius entre le Portique de Claude et le Macellum Magnum. Ce camp était en outre le principal lieu de détention à Rome.

    Les flottes italiennes de Misène et Ravenne ont dès le début de l'Empire des détachements installés de manière permanente à Rome. Outre le maniement des voiles de l'Amphithéâtre Flavien, les marins détachés à Rome exercaient la surveillance de la navigation du Tibre et des deux ports militaires fluviaux, et participaient aux représentations navales des naumachies.

Aucune légion, pour des raisons de politique générale, ne fait partie de la garnison de Rome aux deux premiers siècles de l'Empire. Tout change avec Septime Sévère qui installe la IIeme légion Parthica dans la banlieue immédiate de la ville. Outre le secours matériel que peut effectivement prêter sa présence, elle fournit, au même titre que les cohortes prétoriennes et urbaines, des evocati Augusti à la garnison de la capitale.

1.2 Le rôle de la police


Figure 2 : L'organisation de la police à Rome

Préfet de la Ville

Cohortes urbaines : police diurne. Elles sont stationnées aux Castra Praetoria ; après 270--275 (Aurélien), aux Castra Urbana.

Préfet des vigiles

Cohortes de vigiles : incendies et police nocturne.

Préfet du prétoire

Cohortes prétoriennes : elles participent à la police de jour. Garde prétorienne. Toutes deux sont stationnées aux Castra Praetoria.

Autres

Statores chargés des arrestations, avec les frumentarii.

Speculatores dès Vespasien; cavalerie d'élite et embryon de police de sûreté, où les empereurs choisissent leurs agents de confiance.

Frumentarii à partir d'Hadrien; ils remplacent les précédents pour la gendarmerie, les arrestations et l'espionnage. Ils sont stationnés aux Castra Peregrina, qui est aussi la principale prison, avec les Castra Praetoria.

Les curiosii les remplacent à la fin du IIIeme siècle (Dioclétien ?). Ce sont des civils.


1.2.1 La police de jour

À l'époque de la République, la responsabilité de la police de jour incombait aux édiles, sous la haute direction des consuls. Au temps de l'Empire, en vertu de la dualité des organes qui se partagent les attributions urbaines, les édiles conservent pendant un temps assez long un certain nombre d'attributions de police (police de rue et d'établissements spéciaux comme les tavernes et les bains), le tout sanctionné par le droit d'amende que détiennent les magistrats. Ces survivances en matière de police disparaissent pour la plupart dès l'époque de Néron et de Vespasien.

Dès lors, le préfet de la Ville qui a depuis sa création la charge générale de la police urbaine (Cura Urbis), assure pour l'essentiel le service de la police de jour. Les cohortes urbaines, qui dépendent de sa direction, entretiennent des postes dans les divers quartiers de la ville pour observer ce qui s'y passe et maintenir l'ordre.

À deux reprises dans l'histoire de l'Empire, les cohortes urbaines sortent de leur rôle de police proprement dit et tentent de jouer un rôle politique. C'est le cas à la mort de Caligula, où les consuls et le Sénat occupent le Forum et le Capitole avec les cohortes urbaines pour rétablir la République. Les divisions du Sénat et la demande de la foule aboutissent à l'investiture de Claude. Une seconde tentative analogue a lieu en 69, à l'occasion de la lutte entre Vitellius et Vespasien.

Les cohortes prétoriennes participent aussi à la police de jour. Dès Tibère, époque où elles sont concentrées à Rome, il y a constamment au Palais impérial une cohorte de service. La cohorte de garde reçoit le mot d'ordre non pas du préfet du prétoire, son chef hiérarchique, mais de l'empereur lui-même.

Le service intérieur du palais est assuré par la garde germaine et les statores, puis par les equites singulares. Enfin, les speculatores forment une cavalerie d'élite, où les empereurs choisissent leurs courriers de cabinet ainsi que leurs agents de confiance.

1.2.2 La police de nuit

La police de nuit relève du corps des vigiles. Elle comporte deux éléments essentiels, l'un fixe (les postes), l'autre mobile (les rondes et patrouilles). Malgré l'importance du corps (7 000 hommes) et l'ensemble des précautions prises par l'autorité responsable, la police nocturne laisse beaucoup à désirer.

1.2.3 La police judiciaire et de sûreté

Outre les services généraux de jour et de nuit, la police urbaine de Rome doit faire face à un certain nombre de missions spécialisées. La police des spectacles, la police des bains, tavernes et maisons de jeu, la police du commerce, la police des moeurs, la police des associations et des classes dangereuses, la police judiciaire sont les principales. Les unes et les autres relèvent primitivement des anciennes magistratures, surtout des édiles, avant d'être concentrées aux mains du préfet de la Ville.

En l'absence d'une brigade de recherches au service des magistrats, le rôle en est tout d'abord joué par les délateurs, sorte de police privée en marge de la police d'État, mais à son service, et par des indicateurs, chargés de fournir des pistes aux délateurs. Tout change avec les Antonins, en particulier Hadrien, Caracalla et Dioclétien.

Cependant, dès Vespasien on voit apparaître un premier embryon de la police de sûreté avec le corps des speculatores, placés sous la direction du préfet du prétoire. Depuis Hadrien, ce corps fait place à un second, les frumentarii, qui jouent le triple rôle d'agents d'exécution, d'espions impériaux et d'agents du service des recherches. À leur tour, les frumentarii disparaissent à la fin du IIIeme siècle pour faire place aux curiosii. Ceux-ci, par opposition aux speculatores et aux frumentarii, sont des civils. C'est sans doute Dioclétien qui les organise. Leur police répandue partout et dispersée à travers tous les organismes de l'Empire, surveille toutes les causes de désordre et assure l'unité de l'administration.

À Rome, deux groupes d'agents sont particulièrement chargés des arrrestations : les frumentarii ou peregrini, et les statores composés de deux centuries spécialement affectées au préfet du prétoire. Après arrestation, l'inculpé est conduit dans une des prisons de la ville.

La plus ancienne des prisons publiques est le Carcer du Forum, avec la prison annexe des Lautumiae. Il y en a d'autres. On supplée en outre à l'insuffisance de ces bâtiments par la détention dans les diverses casernes de la garnison de Rome (cohortes prétoriennes, urbaines, des vigiles...). Saint Paul fut détenu aux Castra Peregrina.

Le service des prisons relevaient à l'époque républicaine des III viri capitales. Leurs attributions leur échappèrent progressivement sous l'Empire. Au début du IIeme siècle après J.-C., s'ils conservent encore la direction du Carcer, du Forum, les autres lieux de détention (Castra Praetoria, Castra Peregrina) dépendent du préfet du prétoire.

La police romaine peut enfin se trouver confrontée à des émeutes, éventualité favorisée par l'ampleur de la foule oisive passant sa vie sur la voie publique et par l'étroitesse et l'irrégularité des rues. Ces bagarres ont des causes diverses, souvent la famine. Lorsque l'affaire devient grave, l'autorité fait intervenir la troupe.

2 Les services d'incendie

Le service d'incendie qui se double, dans la Rome impériale, du service de la police nocturne, relève du préfet des vigiles. Le siège du service, avec les bureaux du préfet et de l'état-major, se trouvait à la caserne de la I cohorte des vigiles, dans la partie méridionale du Champ de Mars. C'est dans ce bâtiment que le préfet des vigiles avait ses bureaux et son tribunal; c'est de là qu'il partait toutes les nuits effectuer les rondes règlementaires.

2.1 Le personnel

2.1.1 Les effectifs

Le corps des vigiles compte sept cohortes dès sa création. La composition n'en a pas varié jusqu'à la disparition du corps. Leur nombre de 7 000 hommes est considérable : le corps qu'il a remplacé ne comptait que 600 pompiers. Cependant, les maisons sont très inflammables et les moyens d'extinction réduits, ce qui fait qu'il faut remplacer par le nombre des hommes les possibilités techniques déficientes.

D'autre part, le corps des vigiles assure le service de la police nocturne; c'est lui qui constitue la masse de la police romaine (7 000 hommes sur environ 10 000). Les pompiers spécialisés ne représentent qu'une petite minorité dans les cohortes. Celles-ci n'ont pas de contingent de cavalerie.

Lors de leur création, les vigiles sont recrutés parmi les affranchis. Ce recrutement est normal si 'on songe que jusqu'à la création du corps, les pompiers étaient des esclaves non émancipés. Ce nouveau statut des vigiles est donc une amélioration considérable.

Par l'origine de ses recrues, le corps n'en occupe pas moins un rang très bas au sein de la garnison de Rome (les cohortes prétoriennes et urbaines étaient composées de citoyens romains). De même au point de vue de l'avancement, les vigiles ne sont pas sur le même pied que l'armée régulière. Ils se recrutent d'abord sur place, puis très vite dans toute l'Italie; la contribution des provinces reste cependant très faible. La durée du service est de seize ans, comme pour les soldats des cohortes prétoriennes.

2.1.2 Les cadres

Le préfet des vigiles, commandant en chef, concentre en sa personne une double série de pouvoirs, les uns militaires (il est chef de corps), les autres civils (il a juridiction sur certaines catégories des habitants de la capitale). Le personnel de ses bureaux comprend donc des éléments militaires (sous-officiers détachés des différentes cohortes de vigiles pour être affectés à l'état-major ou aux bureaux du préfet) et des éléments civils (employés analogues à ceux des autres administrations).

Pendant toute la durée du Iier siècle, le préfet des vigiles assure seul la direction du service. Avec le principat de Trajan apparaît sous ses ordres un sous-préfet des vigiles, le développement du service rendant nécessaire la présence d'un adjoint. Il y a aussi le fait que le préfet des vigiles a de plus en plus d'attributions juridiques, et la présence d'un sous-préfet assure au service cette compétence spéciale qui devait trop souvent manquer à son chef. Le sous-préfet des vigiles avait ses bureaux particuliers, analogues à ceux de son chef de service, mais d'un effectif moins considérable. Le cas échéant, il remplace le préfet.

Au dessous du préfet et du sous-préfet, les cadres comptent des officiers (tribuns et centurions) et des sous-officiers (principales). Les officiers sont les seuls à appartenir à l'armée proprement dite. Il faut y ajouter les médecins (quatre par cohorte) et les spécialistes.

2.2 L'évolution du statut des vigiles

Les vigiles, qui au départ n'étaient pas considérés comme des soldats, virent leur condition juridique s'améliorer. D'une part, des mesures législatives furent prises, leur permettant d'obtenir le droit de cité complet après un temps fixé de service au corps. En 24 après J.-C., une loi donne au vigile le droit de cité au bout de six ans de service au corps. Plus tard, peut-être au temps de Septime Sévère, cette durée fut ramenée à trois ans.

Les vigiles peuvent dès lors accéder aux corps plus considérés, les cohortes urbaines voire les cohortes prétoriennes. La collation de la cité leur ouvre ainsi l'ensemble de la carrière militaire romaine. Ces mesures successives eurent pour conséquence de relever la situation morale des vigiles et d'améliorer leur recrutement, même s'ils gardent une situation juridique inférieure par rapport aux autres corps de l'armée romaine.

D'autre part, l'accès au corps des vigiles s'ouvre aux citoyens; le fait est attesté pour le début du IIIeme siècle. Le corps dès lors recrute toujours parmi les affranchis, mais surtout parmi les citoyens.

2.3 Les moyens utilisés

2.3.1 Le matériel employé

Il y a diverses spécialistes dans le corps des vigiles :

Les autres vigiles constituaient la grande masse du corps, maniant les outils divers (échelles avec ou sans crocs, éponges imbibées de vinaigre au bout de perches, haches, serpes, vinaigre, sable), participaient à la manoeuvre des seaux ou formaient le service d'ordre.

2.3.2 La surveillance

Les cohortes de vigiles sont réparties à raison d'une pour deux régions:

Il y avait généralement des prises d'eau dans les immeubles, et les habitants des étages étaient tenus d'avoir de l'eau dans leur logement. Si l'incendie prend de sérieuses proportions, on fait appel à un service plus complet, qui arrive au pas de course. Le service d'incendie dispose de nombreuses ressources en eau dans la Rome Antique, fournies par les fontaines (591 fontaines au Iier siècle, 1 352 au IVeme siècle), les bains et les ressources propres des maisons.

L'essentiel de la manoeuvre consiste à faire le vide devant le feu en démolissant un grand nombre de maisons. C'est ce qui justifie l'importance des effectifs et la nature du matériel employé. Le caractère dense de l'habitat, l'étroitesse chronique des rues, l'emploi abondant du bois, notamment sous forme de balcons, facilitent la propagation rapide du feu le long des façades et d'un côté de la rue à l'autre. L'eau a en fin de compte un rôle secondaire, en raison du débit insuffisant et du manque de mobilité des sifones. Une fois l'incendie propagé, les sifones sont inefficaces.

Dans ces conditions, les mesures préventives sont essentielles : multiplicité et fréquence des rondes de vigiles avec un matériel de première intervention, responsabilité personnelle du préfet des vigiles, dure législation envers ceux qui ne prendraient pas les mesures nécessaires contre le feu, renforcées par Néron après le terrible incendie de 64.


Figure 3 : Les empereurs et la sécurité à Rome aux IIeme et IIIeme siècles

Trajan

98--117

En 112, il y a 10 cohortes prétoriennes. Sous son règne apparaît un sous-préfet des vigiles.

Hadrien

117--138

Les frumentarii (police de sûreté) font leur apparition et sont stationnés aux Castra Peregrina. Ils remplacent les speculatores.

Antonin

138--161

Il semble qu'il y ait 5 cohortes urbaines, dont 1 détachée au dehors.

Septime Sévère

193--211

Il maintient le recrutement italique pour les cohortes urbaines. Les cohortes prétoriennes sont par contre désormais recrutées parmi les légionnaires, et surtout ceux de l'armée du Danube. Aucune légion n'avait stationné, pour des raisons politiques, dans Rome. Il installe la II légion Parthica dans la banlieue immédiate de la ville. Il semble que c'est sous son règne que le temps de service pour obtenir le droit de cité est ramené de 6 à 3 ans pour les vigiles.

Caracalla

212--217

Après son règne, il y a 3 cohortes urbaines à Rome, et 2 à Ostie et Pouzzoles.

Gordien III

238-244

Son son règne apparaissent les protectores, pris parmi les centurions de l'armée active et qui forment autour de l'empereur une sorte de garde d'honneur.

Gallien

254--268

Les equites singulares disparaissent sous son règne.

Aurélien

270--275

Il fait construire pour les cohortes urbaines, jusqu'alors stationnées au Castra Praetoria, une caserne : Castra Urbana, au Champ de Mars.

Dioclétien

284--305

En 298, il y a 10 cohortes prétoriennes. Les frumentarii disparaissent et sont remplacés par les curiosii, qui sont des civils.


1

Camp prétorien : à la fois caserne et enceinte fortifiée, il est capable de tenir contre les émeutes. Long de 440 mètres et large de 410, épaisseur des murs comprise, il avait la forme rectangulaire des camps romains. Les chambres destinées au logement des soldats étaient réparties sur le pourtour et adossées au mur d'enceinte. Chacune des faces était percée d'une porte, la principale (la Porte Praetoria) étant vraisemblablement tournée vers la ville. Entre le camp et l'agger de Servius s'étendait une esplanade qui servait aux prétoriens de champ de manoeuvre.


URL d'origine : http://historama.free.fr (fermé)

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