Glanum - 1 - Introduction

1 Introduction

1.1 Présentation rapide du site de Glanum

1.1.1 Situation géographique


Plan du site de Glanum.jpg
Plan du site de Glanum.jpg

Glanum, proche de Saint-Rémy de Provence, se situe au débouché du défilé rocheux permettant la traversée de la chaîne des Alpilles. Il s'agissait, pour les anciens, du point de jonction de 2 voies de passage importantes : la principale longeant d'est en ouest le flanc nord des Alpilles à l'écart des basses plaines marécageuses (axe reliant l'Italie à la Narbonnaise) et la seconde permettant la traversée du massif. Si bien que par cette position privilégiée Glanum se trouvait être une étape très importante du commerce par voie terrestre. A cela s'ajoutera l'eau et la pierre en abondance. Les sources littéraires antiques restent pratiquement muettes mais pas les documents topographiques antiques. La première occupation du site remonte au moins au début du premier millénaire av JC (époque proto-historique) mais les fouilles principales ont porté à ce jour sur des vestiges datant du VI° s. av. JC au IV° s. après. C'est en effet à partir du VII°-VI° s. av. JC qu'apparaissent les vestiges les plus nets quoique très sporadiques. Cette première occupation est un exemple de l'influence grecque sur des agglomérations et sanctuaires du sud de la Gaule. On y rendait apparemment un culte assidu au dieu Glan et aux Matres Glanicae dans des temples établis autour d'une source et d'un Aven ce qui montre le caractère chtonien des dévotions.

1.1.2 Plan général

L'exploration archéologique a fait apparaître plusieurs états successifs d'occupation. L'intérêt des vestiges les plus anciens étant si grand qu'il fut décidé de les laisser au jour (malgré des niveaux parfois profonds) et ils coexistent ainsi avec les fondations d'édifices plus récents de plan et de fonction différente. D'où un aspect compliqué des ruines comportant trois zones :


Les Antiques (Mausolee et Arc) et la zone de fouilles.jpg
Les Antiques (Mausolee et Arc) et la zone de fouilles.jpg

Le ravin des Alpilles (au sud du site), défendu à son entrée par une fortification, avec des installations de culte et une source aménagée.

Une zone centrale monumentale avec des vestiges d'époque romaine et préromain.

Le quartier bas du nord avec les thermes publics et des maisons.

1.1.3 Type de vestiges

L'essentiel des vestiges dégagés jusqu'en 1989 est massaliote et d'influence romain. Mais des fouilles plus récentes débutées après 1989 et encore en cours à l'heure actuelle ont révélé des vestiges beaucoup plus anciens notamment au sud de la ville. Cependant aucune publication n'en a été faite à ce jour.

1.2 Historique des fouilles

Depuis toujours le Mausolée et l'Arc Triomphal, "les Antiques", qui n'étaient pas enfouis, ont attiré la curiosité mais c'est au XVI° s. que remonte le témoin le plus ancien de cet intérêt : Andréa Alciatus (jurisconsulte et universitaire). Plus tard ces monuments sont cités par Scaliger et Lantelme De Romien dans son "discours des Antiquités de la ville d'Arles" de 1574, Nostradamus en 1555 et Poldo d'Albenas, historien en 1560. Mais c'est Charles IX qui en 1564 en ordonna la restauration et l'aménagement des abords.

Trés tôt le site fut identifié et connu sous son appellation antique. De nombreux érudits ont alors cherché à situer Glanum (Honoré Bouche par exemple dès le XVII° s. rapproche des "Antiques" le nom de Glanum retrouvé chez Pline et plus particulièrement dans les itinéraires antiques).

Glanum se situait-elle à l'emplacement de Saint-Rémy ou plus prés des Antiques aux pieds des Alpilles ?

En fait disparaissant au milieu du III° s. (270), le Glanum du sanctuaire, celui du haut était réapparu un peu plus loin au bord de la plaine. A l'époque mérovingienne l'abbaye de Saint-Rémy de Reims en prend possession et la bourgade prend le nom de "Villa Sancti Remigii" (Saint-Rémy de provence).

Les trouvailles d'objets isolés jalonnent le cours des siècles, notamment :

au XVII° s.: un beau bas relief de marbre blanc représentant l'heure de l'été (publié par Polenus en 1734).

au XVIII° s.: entre autre fut découvert le cippe funéraire avec l'inscription d'un curateur du trésor des glaniques: Aebutius Agathon. Là le nom de la cité apparaissait pour la première fois l'identifiant définitivement.

au XIX° s.: une monnaie d'argent recueillie par le marquis de Lagoy (Roger de Meyran), frappée au nom des glaniques avec une inscription en grec.

C'est le marquis de Lagoy qui fit pratiquer des recherches sur le terrain des deux vallons au débouché desquels se trouvent les fouilles modernes, recueillit, étudia et publia les objets découverts. De même ensuite Isidore Gilles entreprit des études d'archéologie et exprima son avis sur les vestiges de Glanum.

Le 2 mai 1866 une commission d'archéologie est créée "à l'effet de rechercher, recueillir et classer tous les documents, pierres tumulaires et autres objets dignes de figurer dans une collection historique". Mais ce n'est pourtant qu'en 1921 que Jules Formigé entreprit les premières véritables fouilles avec l'aide de Pierre de Brun.

Entre 1928 et 1933 H. Rolland commença parallèlement les premiers sondages à l'emplacement du sanctuaire indigène. C'est en 1942 qu'il fut chargé des recherches sur le site, et ce jusqu'en 1970. Grâce à lui la protection des ruines dégagées fut organisée et se traduisit par le détournement de la route moderne.

Depuis 1982 on a vu la reprise de fouilles ponctuelles par l'institut de recherche sur l'architecture antique de Provence (CNRS, Aix en Provence) et la Direction des Antiquités, ayant pour objet la vérification de détails ou la mise au point sur tel ou tel aspect des travaux antérieurs. Elles sont surtout stratigraphiques mais ont encore des résultats spectaculaires comme par exemple la découverte de la grande source du bas.


Vue des fouilles.jpg
Vue des fouilles.jpg

Beaucoup plus récemment, depuis 1990, de nouvelles fouilles ont été entreprises dans trois zones principales :

le sud avec la découverte de rempart,

la zone des temples géminés (centre),

et beaucoup plus en retrait du site : l'aqueduc romain.

1.3 Annonce du plan.

L'intérêt archéologique des fouilles de Glanum se rencontre à de nombreux niveaux, si bien que j'étudierai dans une première partie l'expansion de Glanum sur différents plans. Puis, dans un deuxième temps je développerai le caractère particulier que revêt l'architecture. Enfin je dégagerai l'intérêt artistique du site.