Un esclave qui a fait trembler Rome
En cette année 73 avant J.-C., il est permis de considérer que Rome est au faite de sa gloire et de sa puissance. L'Empire s'étend de l'Angleterre au Proche-Orient. Et voici qu'un nom, un seul nom, soudain, la fait trembler Spartacus qui est cet homme ? Un esclave venu de Thrace, dans le nord de la Grèce, disent les uns. Un berger, ou un noble, disent les autres. Bref, personne, au juste ne sait qui est Spartacus. Il n'y aurait pas vingt Romains pour le reconnaître dans la rue, mais tout Rome en a peur !
Ce qui est certain c'est que Spartacus faisait partie de l'école des gladiateurs de Capoue. Les gladiateurs étaient des esclaves, mais esclaves nourris comme des rois dont la santé et la forme physique faisaient l'objet d'autant de soins que de nos jours, celles d'un champion de boxe. Car les gladiateurs étaient chargés de fournir un beau spectacle en se battant à mort pour divertir les Romains. Et voici qu'un jour Spartacus, accompagné de soixante-treize compagnons, tue ses gardes et s'enfuit !
C'est le début d'une extraordinaire aventure. Spartacus et ses amis se réfugient sur les pentes du Vésuve où trois mille soldats sont envoyés pour les exterminer. La chasse à l'esclave n'étant pas très glorieuse, on n'avait désigné pour cette opération que des soldats de seconde zone. Or Spartacus et les siens étaient des hommes très vigoureux, rompus au combat. Devant cette petite troupe experte et décidée à vendre chèrement sa vie, les soldats romains ne firent pas long feu; beaucoup moururent, les autres prirent la fuite. Après cette victoire, quantité d'esclaves s'enfuirent pour se joindre aux gladiateurs.
Si bien qu'en quelques semaines, Spartacus se trouve à la tête d'une armée de 40 000 hommes qu'il entraîne au combat. Le général romain Lucius Varinus est envoyé contre elle. Spartacus écrase ses légions. La route est désormais libre devant l'armée des esclaves qui libèrent leurs semblables et festoie dans les riches villas des villes conquises. En guise de distraction, ils obligent les anciens possesseurs d'esclaves à se battre à mort comme des gladiateurs !
C'est une terrible vengeance sur ces riches Romains qui, le plus souvent, ne savent même pas tenir un glaive.
Entre-temps, l'année 72 avant Jésus-Christ est arrivée. Spartacus tient maintenant tout le sud de l'Italie. Il est remonté jusqu'aux Alpes, écrasant au passage les Germains et les Gaulois envoyés contre lui. Il envisage de déferler vers la Gaule. Il en a les moyens : sur son passage des foules d'esclaves, ivres de liberté, échappent à leurs maîtres, se joignent à son armée qui compte bientôt plus de 90 000 hommes. Mais ils ne veulent pas quitter leur pays ...
Spartacus songe alors à les conduire en Sicile. Mais il a commis une erreur stratégique. Pendant sa marche vers le nord, il est passé près de Rome sans l'attaquer, donnant le temps à l'Empire de se ressaisir, de réorganiser son armée. Pompée a reçu l'ordre de rentrer d'Espagne avec ses troupes. Marcus Crassus a levé une armée fraîche de huit légions. Lentement une formidable machine de guerre se met en place.
Nous sommes en 71 avant J.-C. Une épreuve décisive se prépare. D'un côté Spartacus, ses gladiateurs et les dizaines de milliers d'esclaves qui font cause commune avec eux. De l'autre les légions de Crassus et de Pompée. Ce sera une lutte sans merci entre d'une part les gladiateurs entraînés à affronter la mort et leurs alliés, des esclaves moins rompus au combat, mais également prêts à vaincre ou à mourir et d'autre part les légions romaines.
Car les anciens esclaves n'ignorent pas le sort terrible qui les attend si, d'aventure, ils retombent sous la coupe de leurs maîtres.
Rome de son côté n'est pas rassurée. Jamais personne - et surtout pas des esclaves - n'avait osé se dresser avec autant d'efficacité contre l'ordre établi. La bataille commença dans les Pouilles. Elle fut terrible. Finalement les légions romaines eurent raison de l'armée d'esclaves. Le corps de Spartacus ne fut jamais retrouvé. Mais la vengeance romaine fut horrible : en guise d'exemple pour les autres esclaves, les 6 000 survivants de l'armée de Spartacus furent crucifiés le long de la route de Capoue à Rome !