Horace : (65-8 av. J.-C.)

Horace : (65-8 av. J.-C.)


Poète lyrique et satirique latin de l'âge d'or de la littérature latine. Horace, de son nom latin Quintus Horatius Flaccus, naquit en décembre 65 av. J.-C., à Venusia (de nos jours Vénouse, en Italie). Son père, esclave affranchi, le poussa à aller étudier à Rome puis à Athènes, où il suivit des cours de philosophie et de poésie grecques à l'Académie. Peu après l'assassinat de Jules César en 44 av. J.-C., Horace fut enrôlé dans l'armée républicaine par l'un des meurtriers, Marcus Junius Brutus. Il fut nommé tribun militaire et prit part à la bataille de Philippes, en 42 av. J.-C., qui se solda par la défaite de l'armée républicaine face à Marc Antoine et à Octave (futur empereur Auguste). Cet échec marqua douloureusement Horace ; après l'amnistie, il revint à Rome, où il obtint un poste officiel de scribe, et se consacra à la poésie. Ses poèmes plurent à Virgile, alors poète-lauréat. Vers 38 av. J.-C., ce dernier présenta Horace à Mécène, homme d'État, protecteur des arts et ami d'Octave. Cette rencontre fut importante pour Horace, car non seulement Mécène lui permit d'entrer dans les cercles politiques et littéraires romains, mais il lui offrit, en l'an 33 av. J.-C., un domaine dans les collines de la Sabine, afin qu'il puisse s'y retirer, loin du tumulte de Rome. L'oeuvre d'Horace est composée de satires, d'épodes, d'odes et d'épîtres. Dans les Satires, l'auteur traite de questions éthiques telles que l'ambition, la stupidité des comportements excessifs ou la cupidité. Le premier livre des Satires (35 av. J.-C.) comme le second (30 av. J.-C.) sont des recueils de dialogues composés en hexamètres et de structure assez libre, imitant les écrits du poète satirique Lucilius. Ces deux volumes, composés respectivement de dix et de huit satires, sont marqués par un esprit de tolérance et une liberté de ton. Quant aux Épodes, parues également en 30 av. J.-C., elles ont probablement été écrites avant les Satires, car l'auteur y plaide en faveur de la fin de la guerre civile tout en formulant une violente critique des abus sociaux. Or, la paix tant espérée par Horace survint avec la victoire d'Octave sur Antoine à Actium, en 31 av. J.-C. Les dix-sept petits poèmes en distiques iambiques que contiennent les Épodes sont des adaptations du style lyrique créé par le poète grec Archiloque. Les oeuvres poétiques majeures d'Horace restent les Odes (Livres I-III, 23 av. J.-C.), qui sont inspirées — voire imitées pour nombre d'entre elles — des poètes Anacréon, Alcée et Sappho. Les quatre-vingt-huit poèmes des Odes, qui témoignent de la grande connaissance qu'avait Horace de la poésie lyrique grecque, ne sont pas exclusivement politiques, puisqu'elles célèbrent la paix, la patrie, l'amour, l'amitié, le vin, les plaisirs et la simplicité de la vie campagnarde ; elles contiennent en outre de nombreux éléments tirés des mythologies grecque et romaine. Influencées par Pindare et renommées pour le rythme, l'ironie et la courtoisie qui s'en dégagent, les Odes d'Horace furent imitées par des poètes anglais du XVIIIe siècle et du XIXe siècle, tels que Pope et Milton. En France, Ronsard, Du Bellay et Montaigne se sont également inspirés de ces Odes pour nourrir leur propre oeuvre. Vers 20 av. J.-C., Horace publia le premier livre des Épîtres, soit vingt courtes lettres en hexamètres dans lesquelles il expose ses observations sur la société, la littérature et la philosophie. Horace était le philosophe du « juste milieu », puisqu'il prônait les doctrines de l'épicurisme, mais aussi la modération, jusque dans la recherche de la vertu. À l'époque où il rédigea ces Épîtres, sa réputation était telle qu'après la mort de son ami Virgile en 19 av. J.-C., il lui succéda dans la fonction de poète-lauréat. Deux ans après cet honneur, Horace revint à la poésie lyrique à la demande d'Auguste, qui lui commanda l'hymne Carmen saeculare pour les jeux séculaires de Rome. Parmi les dernières oeuvres d'Horace, dont nous ne connaissons pas les dates exactes de composition, citons le second livre des Épîtres, le quatrième livre des Odes et l'Épître aux Pisons, plus connue sous le titre d'Art poétique. Si les deux lettres du second livre des Épîtres sont des commentaires sur l'évolution de la littérature, l'Art poétique — véritable traité d'esthétique — célèbre les maîtres grecs, explique la difficulté et le sérieux de l'art d'écrire et donne des conseils techniques aux apprentis poètes. Horace mourut à Rome le 27 novembre de l'an 8 av. J.-C., peu de temps après son ami Mécène, auprès de qui il fut enterré.




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