L'éducation

L'éducation

5 L'enseignement

5.1 Organisation de l'enseignement

À Rome, l'enseignement primaire, secondaire et supérieur n'est pas affaire d'État. Jusqu'à la fin du Iier siècle après J.-C., la capitale n'a ni écoles ni enseignement public. À la fin du siècle cependant, l'enseignement public fait son apparition à Rome. Quintilien entre autres fut appointé par le Trésor pour dispenser son enseignement. Dans cette chaire officielle, il aura pendant une vingtaine d'années pour étudiants toute la jeunesse distinguée de Rome, parmi laquelle Pline le Jeune.

Sévère Alexandre Sévère Alexandre développe le système et son apport est double : il crée de nouvelles catégories de professeurs et leur fournit des auditoires et rétribuant des enfants pauvres de condition libre. C'est cependant sous le Bas-Empire que l'enseignement recevra une véritable organisation, avec l'Université romaine du Capitole.

5.2 Les bibliothèques

L'enseignement public naît donc tardivement à Rome. Limité à l'enseignement supérieur, il restera d'ailleurs toujours partiel. Au contraire, dès le début de l'Empire, les bibliothèques urbaines apparaissent comme un service public géré par un personnel d'État. Auguste, qui a créé les deux bibliothèques du Temple d'Apollon, sur le Palatin, et du Portique d'Octavie, sur le Champ de Mars, en confie la direction à des savants.

Depuis Claude, l'ensemble des services des bibliothèques, dans la ville de Rome, est centralisé sous la direction d'un procurateur, le procurateur des bibliothèques, un affranchi. L'importance de l'emploi s'accroît avec la création de la bibliothèque Ulpia, sous Trajan. Depuis Antonin, la procuratelle des bibliothèques est régulièrement attribuée à un chevalier, pour lequel elle n'est toutefois q'une fonction de début.

Dans chaque bibliothèque, il y a des fonctionnaires chargés de gérer sa caisse et, pour l'ensemble des bibliothèques, un procurateur général est affecté à la gestion de la caisse commune. Les bibliothèques disposaient d'un personnel d'affranchis et d'esclaves impériaux spécialisés pour chacune des deux sections grecque et latine.

5.3 Les édifices-musées

Il n'y a pas de musées proprement dits, mais des édifices qui en tiennent lieu : temples, portiques, théâtres, palais, villas, thermes ou bibliothèques. Ces bâtiments ont des gardiens (aeditui), à la fois concierges et guides autorisés, qui ont la double charge de surveiller les collections et de les montrer aux visiteurs. Leur recrutement est très varié et diffère selon l'importance de l'édifice auquel ils sont préposés. Ceux des temples les plus importants (comme le temple de la Concorde) sont des citoyens romains. D'autres sont des affranchis, d'autres de simples esclaves, publics ou impériaux.

Le rôle des gardiens était complexe : ils avaient la surveillance des édifices avec la garde des collections et des richesses variées qu'ils contenaient, et la charge générale de l'entretien. C'était eux qui ouvraient l'édifice le matin, le fermaient le soir, pourvoyaient au nettoyage, aidés souvent d'un personnel subalterne d'affranchis et d'esclaves.

Leur caractère particulier, en raison des collections artistiques dont ils avaient la garde, a valu à certains de ces gardiens un statut légal spécial. On établit en principe la responsabilité personnelle des gardiens et, pour la rendre plus efficace, on leur fit verser caution. La fréquence des vols, en dépit des précautions prises, obligea l'État à prendre des mesures plus radicales encore : on n'hésita pas, le cas échéant, notamment pour les oeuvres du temple de Jupiter Capitolin et des Saepta Julia, à rendre les gardiens responsables, sous peine de mort, des objets confiés à leur surveillance.


Education a Rome (source La Documentation par l'image 1952).jpg Ecole a Rome (source La Documentation par l'image 1952).jpg
Education et école à Rome
(Au service de l'école - Le Monde Romain - Décembre 1952)
(Sarcophage romain, Musée du Louvre) :
Cette gravure présente, en 3 scènes, les 3 âges de l’enfance.
A droite, la mère allaite son enfant devant le père pensif et respectueux. Elle en a la garde jusqu’à l’âge où l’enfant passe sous la tutelle du père (pater familias : scène du milieu) qui l’initie aux « jeux virils » : on voit ici l’enfant jouant avec un petit char. A droite, le père instruit lui-même son enfant. Assis, il l’interroge ou le fait réciter. Le père est aussi le « prêtre de la religion domestique ». Son autorité est incontestée et sans limites. Il peut refuser d’élever ses enfants, il peut les exposer et les vendre, il peut les marier à sa guise.
Il est le juge suprême, peut condamner sa femme et ses enfants et a le droit de les faire mettre à mort. La mère de famille, ou matrone, tient une place importante dans la famille. Elle est entourée du plus grand respect, partage les honneurs que l’on rend à son mari, paraît avec lui aux cérémonies. Chacun, même le Consul, lui cède le pas et se range sur son passage.
L’enfant est élevé à la maison par sa mère. Il porte au cou la bulle, petit sachet contenant des amulettes pour le protéger contre les mauvais sorts, et est vêtu de la robe pretexte ornée d’une bande de pourpre.
Vers l’âge de 6 ou 7 ans, l’enfant fréquente l’école. Les familles riches emploient des précepteurs chargés de l’éducation des enfants.
Plus tard, s’il s’en montre capable, le jeune homme fréquente les écoles des rhéteurs où il s’exerce à l’éloquence. A 17 ans, il quitte la bulle et la robe prétexte pour revêtir la toge virile et, entouré de tous les siens, il va se faire inscrire comme citoyen de la cité.
Souvent, les jeunes gens des grandes familles allaient achever leurs études à Athènes dont la civilisation rayonnait sur tout le monde antique.

Voici comment Caton l’Ancien enseignait son fils :
« Lorsque Caton eut un.fils, jamais l’affaire la plus pressée, à moins qu’elle ne regardât la république, ne l’empêcha d’être auprès de sa femme quand elle lavait et emmaillotait son enfant. Elle le nourrissait de son lait ; souvent même elle donnait le sein aux enfants de ses esclaves, afin que, nourris du même lait, ils conçussent pour son fils une bienveillance naturelle...
« Dès que ce fils eut atteint l’âge de raison, Il le prit auprès de lui pour l’instruire dans les lettres, quoiqu’il eut un esclave honnête, nommé Chiion, qui était bon « grammérien », et qui enseignait plusieurs enfants. Il ne voulait pas, dit-il lui-même, qu’un esclave fît des réprimandes à son fils, qu’il lui tirât les oreilles pour avoir été trop long à apprendre, ni que son fils dût à un mercenaire un aussi grand bien que l’éducation. Il fut donc lui-même le maître de grammaire du jeune Caton, son guide dans l’étude des lois, et son maître d’exercices.. Il lui enseigna non seulement à lancer le javelot, à combattre tout armé, à monter à cheval, mais encore à s’exercer au pugilat, à supporter le froid et le chaud, à traverser à la nage le courant le plus rapide. Il rapporte qu’il lui avait transcrit, de sa propre main, des traits d’histoire en gros caractères, afin qu’il profitât, dans la maison même, des faits vertueux des anciens Romains. Il s’abstenait, devant son fils, de toute parole déshonnête.
« Ainsi Caton ne négligeait rien pour former son fils à la vertu, et le conduire à la perfection. Il est vrai qu’il trouvait en lui les meilleures dispositions, et que la bonté de son naturel rendait son esprit docile aux leçons de son père... »
PLUTARQUE, Vie des Hommes Illustres (Trad. : Ricard)


Scene de la vie romaine, Chatiment par les verges a l'ecole (source La Documentation par l'image 1952).jpg
Scène de la vie romaine, Châtiment par les verges à l'école (source La Documentation par l'image 1952)

Châtiment par les verges (d’après une fresque d’Herculanum - couleurs reconstituées)

Dans les écoles, à Rome, la discipline était sévère. On voit ici un élève fouetté par le maître. A gauche, un pédagogue.
Les élèves portent la toge prétexte, réservée aux enfants, et tiennent leurs tablettes enduites de cire.
Le sort des enfants échappait à la mère dès leur sortie du bas âge. La femme riche les remettait aux mains d’un esclave pédagogue qu’elle avait acheté. Quant aux pauvres, elles en étaient quittes pour envoyer leurs enfants à l’une de ces écoles privées qui abondaient à Rome. Le maître, rétribué par un salaire dérisoire, n’avait d’autre autorité que celle que lui conféraient les étrivières (courroies employées pour fouetter) et la férule (palette de cuir ou de bois dont on frappait les mains). Inaugurées dès l’aube, tenues sous l’auvent d’une boutique, envahies, par les bruits de la rue dont les isolaient seulement quelques toiles de tentes, sommairement garnies d’une chaise, de bancs, les classes fonctionnaient tous les jours de l’année avec une désespérante monotonie.
Le maître était assis sur un siège à dossier (Cathédra : la chaire) placé sur une estrade. Les élèves prenaient place sur des bancs sans dossier ni table... Chaque élève avait une boîte cylindrique où étaient rangés ses livres (rouleaux de papyrus ou de parchemin) et son nécessaire pour écrire. II écrivait penché sur s genoux, soit sur des tablettes de bois enduites de cire, (au moyen d’un stylet en fer, en os ou en ivoire) soit sur du papyrus avec un roseau taillé et de l’encre. Il apprenait à connaître et à assembler les lettres, à reproduire des modèles d’écritures, à compter en poussant de petits cailloux (calculi) sur des lignes. D’après JULLIEN.


Retour