Les chiffres romains

Les chiffres romains

On utilise encore, de nos jours, les "chiffres romains" dans la forme qui nous a été transmise par les inscriptions que l'on trouve sur les monuments hérités de l'antiquité romaine, forme normalisée et esthétique que le romain de l’époque de Jules César ou de Néron n’utilisait pas pour les comptes de sa vie quotidienne.
 

On trouve, de nos jours, des chiffres romains :

- sur les bâtiments, pour l'inscription de la date d'inauguration,
- sur les cadrans de montres et d’horloges : I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX, X, XI,
XII,
- dans la numérotation des pages d'introduction et l'indication de la date d'édition de certains livres de fabrication traditionnelle, particulièrement dans les pays anglo-saxons,
- pour l'indication du quantième des siècles et de l'ordre de succession des rois : XVIe (16e) siècle, Louis XIV (Louis 14), Napoléon III (N. 3), etc.


Les chiffres romains ont été très utilisés dans le livre ancien, des origines à MDCCC (1800) et dans les livres de fabrication artisanale du XIXe (19e) siècle.

Les chiffres romains ne permettaient pas à leurs utilisateurs de faire des calculs, il est impossible de faire les quatre opérations avec des nombres en chiffres romains, comme nous le faisons avec nos chiffres dits "arabes" et notre "numérotation de position". "En fait, les chiffres romains sont non pas des signes servant à effectuer des opérations arithmétiques, mais des abréviations destinées à notifier et à retenir des nombres. Et c'est pourquoi les comptables romains (et les calculateurs européens du Moyen Age après eux) ont toujours fait appel à des abaques à jetons pour effectuer des calculs" (Georges IFRAH, référence ci-dessous).
 

Note : l’abaque était une planche sur laquelle figurait un quadrillage de colonnes horizontales et verticales correspondant à différentes valeurs, sur lesquelles ont comptait avec des jetons ou des cailloux (calculi, d’où le mot « calcul »), elle a été plus tard remplacée par le boulier, toujours en usage en extrême-orient et dans l’ex-URSS, sur lequel les virtuoses font leurs opérations presque aussi rapidement qu’avec une calculette électronique.
Principes :

- on utilise des lettres majuscules qui sont quelquefois les initiales du mot latin indiquant la grandeur :

  ex. : C et M pour « centum » (cent) et « mille » (mille),


- les nombres sont indiqués par la juxtaposition de grandeurs décroissantes, de gauche à droite :

  XV (15) = X (10) + V (5),
  XXVI (26) = XX (2 fois X + V + I), soit 2 fois 10 + 5 + 1,
  MDC = M (1000) + D (500) + C (100) = 1600.


Mais l’indication d’un nombre peut se trouver sur la gauche d’un nombre plus grand, pour marquer l'unité sous la dizaine, la dizaine sous la centaine, la centaine sous mille, etc. :

- l'unité se soustrait de V (5) et de X (10) et se met à gauche :

IV = 4, soit V (cinq) moins I (un),
IX = 9, soit X (dix) moins I (un),


- la dizaine (X) se soustrait de C (100) pour former XC (90),

- la centaine (C) se soustrait de M (1000) pour former CM (900).

Il y a de nombreuses exceptions et variantes, par exemple :

VIIII (9) pour IX,
IC (99) à la place de LXXXXIX.


Sur les livres imprimés aux XVe et XVIe siècles on peut trouver des formes archaïques de numération dans les dates d'édition figurant sur les pages de titres avec un signe ressemblant à la lettre C retournée, comme dans le nombre 1000 indiqué C I (au lieu de M) ou dans le nombre 500 indiqué I , où C n’a plus la valeur Cent.
 

Exemples :

1 I ( la lettres i en majuscule), 2 II, 3 III, 4 IV, 5 V, 6 VI, 7 VII, 8 VIII, 9 IX,

NB : Dans les livres anciens (avant 1800), la pagination et l'indication des "signatures" ou marques d'assemblage des cahiers qui forment les livres "reliés-cousus", sont quelquefois faites avec une numérotation romaine en minuscules : i, ii, iii, iv ou iiii, v, vi, vii, viii, ix ou viiii, x, etc.


10 X, 11 XI, 12 XII, 13 XIII, 14 XIV, 15 XV, 16 XVI, 17 XVII, 18 XVIII, 19 XIX,

20 XX, 21 XXI, 22 XXII, 23 XXIII, 24 XXIV, 25 XXV, 26 XXVI, 27 XXVII, 28 XXVIII,        29 XXIX,

30 XXX

48 XXXXVIII, 49 XXXXIX, (rarement : IL)

50 L, 51 LI, 52 LII, 59 LIX,

60 LX, 61 LXI

98 LXXXXVIII, 99 LXXXXIX, (rarement : IC)

100 C, 200 CC, 300 CCC, 400 CD ou CCCC,

500 D
900 CM ou DCCCC

998 CMLXXXXVIII ou DCCCCLXXXXVIII ou CMXCVIII

999 CMLXXXXIX ou DCCCCXCIX ou CMXCIX

1000 M, 2000 MM, 3000 MMM

1515 MDXV

1789 MDCCLXXXIX

1790 MDCCXC ou MDCCLXXXX

1914 MDCCCCXIV ou MCMXIV

1987 MCMLXXXVII, 1988 MCMLXXXVIII, 1989 MCMLXXXIX,

1990 MCMXC ou MDCCCCXC

1991 MCMXCI ou MDCCCCXCI

1992 MCMXCII ou MDCCCCXCII

1993 MCMXCIII ou MDCCCCXCIII

2000 MM

NB : Les formes les plus courtes, ou apparemment les plus simples, n'étaient pas nécessairement les plus employées. Les auteurs, éditeurs, artisans et architectes des siècles passés aimaient la logique de "l'empilage" des éléments de numérotation pour marquer les grandeurs importantes, dans cette logique MDCCCCXCVII est plus "parlant" que MCMXCVII.


La datation en chiffres romains est apparue aux XVe- XVIe siècles, les romains de l’antiquité marquaient les dates avec leurs chiffres que nous appelons « romains », ce qui donnait des nombres beaucoup plus petits, par définition, puisqu’ils comptaient à partir de la première année de magistrature d’un consul ou du règne d’un empereur, ou encore à partir de la date de fondation de Rome (vers 750 av. J.C.).
 

Note bibliographique :

Les curieux pourront consulter l'ouvrage suivant :

IFRAH, Georges. Histoire universelle des chiffres. Paris: Robert Laffont; 1994. (Bouquins).     2 vol. Le chapitre 16 du tome 1 est consacré aux chiffres grecs et romains.


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