Les manuscrits de la Mer Morte

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La Bible est composée de l’Ancien et du Nouveau Testament, c’est-à-dire des textes relatant d’une part l’histoire du peuple d’Israël et de l’autre la vie de Jésus. Ces textes sont sacrés pour les Chrétiens mais les Juifs ne reconnaissent que l’Ancien Testament, antérieur à Jésus-Christ. Or, depuis 1947, notre connaissance de l’Ancien Testament s’est considérablement enrichie grâce à la découverte, à l’extrême Nord-Ouest de la Mer Morte, d’un ensemble de manuscrits comportant des versions de certains livres de l’Ancien Testament différentes de celles que nous connaissions et également des précisions relatives à la vie d’une secte juive non-désignée.

Au printemps de 1947, un jeune berger musulman, Mohammed el-Dhib (ce qui signifie Mohammed le Loup) conduit ses moutons sur un maigre pâturage de la vallée de Waldi Qumram. Aussitôt les animaux se dispersent sur les pentes rocailleuses où s’ouvrent de nombreuses et profondes crevasses qui rendent difficile le travail de berger. Bientôt vient l’heure de rentrer. Mohammed commence à rassembler ses bêtes et, comme chaque soir, entreprend de les compter. Déception : il lui en manque une. Redoutant une sévère remontrance (encore que sur ce terrain escarpé un mouton a vite fait de disparaître), il se met à sa recherche.

En vain, Mohammed ratissera toute cette région désolée et escarpée : le mouton perdu reste introuvable. Déçu, malheureux, fatigué, il s’assoit à même la pente et se console en lançant des cailloux vers une large ouverture, en contrebas. Tout à coup alors qu’un projectile a bien franchi l’ouverture béante, un bruit sinistre lui parvient : un bruit de poterie fracassée. Epouvanté, il s’enfuit sans penser à son mouton perdu. Mais il revient le lendemain. Cette fois il n’est pas seul. Il est accompagné d’un de ses cousins, un garçon de son âge, qu’il a mis dans la confidence de ce qui s’est passé le jour précédent. Surmontant leur inquiétude, les deux adolescents se penchent sur l’ouverture et constatent qu’elle conduit à une grotte. Les débris d’une jarre jonchent le sol. Mais huit autres jarres semblables sont là, intactes.

Les deux garçons échangèrent un regard de convoitise : s’ils avaient découvert un trésor ? Ouvrant les jarres l’une après l’autre, ils ne peuvent que réprimer un geste de dépit devant ce qu’ils découvrirent : toutes sont vides, sauf une, dans le fond de laquelle se trouvent trois rouleaux de parchemin. C’était bien un trésor, en effet. Même un trésor inestimable. Mais aucun d’eux ne s’en doutait. Ils prirent néanmoins ces trois rouleaux couverts de signes manuscrits avec l’espoir d’en tirer quelque argent ? De fait, un antiquaire de Bethléem leur en donna quelques pièces de monnaie puis offrit ceux-ci au Monastère Saint Marc, à Jérusalem.

Très peu de temps après, une multitude de gens se mirent à fouiller les grottes des environs, dans l’espoir d’y découvrir quelque objet de valeur. D’autres manuscrits furent découverts. Entre-temps, à Paris, le professeur André Dupont-Sommer, membre de l’Institut, prenait connaissance de la teneur des premiers manuscrits. Il fut le premier, dans une communication destinée à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, a proclamé après s’être livré à une étude aussi délicats que difficile, l’extraordinaire importance des manuscrits de la Mer Morte. Sans le savoir, les deux petits bergers avaient fait accomplir d’immense progrès à l’archéologie biblique.

L’un de ces manuscrits, long de près de 7 mètres, contient le texte complet du Livre d’Isaïe, l’un des quatre grands prophètes juifs qui vivait au 7ème siècle avant Jésus-Christ. La transcription de ce texte semble être l’oeuvre de cette mystérieuse secte juive dont il est question dans ces écrits, qui existait vers 60 avant Jésus-Christ et dont la communauté était placée sous l’autorité d’un maître de Justice. Écrit en hébreu, le Livre d’Isaïe est l’un des plus anciens manuscrits rédigés dans cette langue. Par la suite, tant sous l’impulsion de l’École orientale américaine que sous celle de l’École Française d’Archéologie de Jérusalem, les recherches s’intensifièrent. Elles ont abouti à la découverte de manuscrits tout aussi précieux, dans la région de Qumram. Le désert de Judée recèle peut-être encore d’autres trésors comparables. Ils y ont été dissimulés par les prêtres juifs de l’Antiquité qui craignait que la parole de Dieu ne se perdit.


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