Alexandre le Grand

Alexandre III de Macédoine, le fils du roi Philippe, conquiert en quelques années un territoire si vaste que jamais l'Histoire n'en connut depuis. Son empire s'étend de la Grèce à l'Indus, du Danube au Nil. Il a vaincu Darius, le roi des Perses, soumis les Thraces, les Hébreux, les Phéniciens grâce à une armée et une stratégie qu'expliqué Philippe Masson. Il construit des villes, colonise des terres, généralise l'usage de la langue grecque, et il est le premier, nous dit Richard Lebeau, à pratiquer une politique d'assimilation des peuples conquis. Il meurt jeune, à trente-trois ans, et le "petit'' roi devient le Grand Alexandre, modèle type du héros pour les grands chefs de tout temps : Scipion l'Africain, Jules César, Napoléon et même Giscard d'Estaing qui s'y réfère en 1979 ! Fascination éternelle qu'évoqué Lucien Jerphagnon pour cet homme hors du commun qui traversa Mossoul, Bagdad, Jérusalem, Kandahar, Kaboul, Samarcande, tant d'autres villes encore, pour mourir dans la mythique Babylone.

Un jeune roi aventureux
par Noëlle et Régis Gombert

Historia N°558, juin 1993

A douze ans, Alexandre dompte l'ombrageux Bucéphale ; à vingt-deux ans, il part à la conquête de l'Asie ; à vingt-neuf ans, il épouse la très belle Roxane ; à trente-trois ans, il meurt victime de la malaria, maître d'un Empire jamais égalé. Depuis lors, Alexandre le Grand a bercé légendes et imaginations.

Son père. Philippe II de Macédoine, descendant d'Hercule, ambitieux, a étendu son empire en Grèce par les talents de ses diplomates qui entretiennent de nombreux partisans dans toutes les cités grecques. Par le prestige également que lui assurent ses célèbres écuries (ses chevaux sont très souvent vainqueurs dans les grands jeux grecs). Son prestige, il le doit aussi à ses faits de guerre.
Sa mère, Olympias, est princesse d'Epire. Elle fera remonter l'origine royale d'Alexandre à Achille, le fameux héros de la guerre de Troie. Sa vie durant. Alexandre considérera Achille comme son véritable modèle.

Naissance d'Alexandre (enluminure médiévale)
Alexandre le Grand n'était pas né pour un destin modeste. Sa mère Olympias, comme la mère du bouddha deux siècles plus tôt, avait rêvé la naissance du futur héros. Ci-dessus enluminure du Moyen-Age.

Trois messages

Juste après la victoire de Philippe II sur Potidée, en Boétie, trois messages viennent en même temps annoncer au roi trois grandes nouvelles. Parménion, son général, vient de vaincre les Illyriens, dont les incursions ravageaient la Macédoine. Ses chevaux ont remporté la palme aux Jeux olympiques. Et, enfin, sa femme. Olympias. vient de mettre au monde un enfant, le futur Alexandre. Nous sommes en juillet 356 av. J.-C. Alexandre entre donc dans la vie et dans le mythe : les devins promettent à Philippe, selon Plutarque, « que ce fils qui était ainsi né avec trois victoires toutes ensembles, serait à l'avenir invincible (1) », Et il reçut le nom d'Alexandre, ce qui signifie à peu près : « le vainqueur des héros ». Plutarque décrit Alexandre dans les premières années de sa vie comme un jeune homme véhément, impétueux mais aussi et surtout avide de gloire et d'honneurs. Comme il se distingue brillamment à la course, des courtisans lui suggèrent de se présenter aux Jeux olympiques : "Je veux bien, répond-il, mais à la condition que ce soient des rois qui y courent." Mais il négligera, et de très loin, les concours athlétiques pour donner une nette préférence aux joutes de l'esprit, poésie, musique, tragédie. Alexandre a une sainte horreur des luttes et des combats que son père aimait tant. Délaissée par son royal époux, Olympias reporte tout son amour et toute son ambition sur ce fils si prometteur.

Le fils de Zeus

La légende s'empare de lui dès sa naissance. Sa mère aurait rêvé, la veille de sa nuit de noces, que la foudre lui était tombée dans le ventre, et Alexandre serait fils de Zeus, dieu de la foudre, et plus particulièrement de Zeus Ammon, honoré dans une oasis du désert de Cyrène, où son fils, devenu grand, ira le vénérer.
On raconte aussi que Philippe, ayant mis l'œil à la serrure, aurait aperçu un grand serpent - divin bien évidemment - qui partageait la couche de sa femme. La perte ultérieure de cet œil (le roi devint borgne) serait la punition de cet excès de curiosité qui refroidit passablement les ardeurs du roi auprès de son épouse.

R.G.


Un jour, les ambassadeurs du « Grand Roi » (le basileus, roi de l'immense Empire perse) viennent à la cour de Pella et sont reçus par Alexandre précédant son père. Au lieu d'une conversation enfantine, le jeune prince leur pose mille questions sur la Perse, sa topographie, ses coutumes... Les ambassadeurs étonnés ne se doutent pas que cet enfant âgé de dix ans est le futur grand vainqueur de leur basileus !
Alexandre et Aristote
Aristote enseigna au jeune Alexandre la morale et la politique mais lui donna aussi le goût des sciences. Ci-contre Alexandre domptant Bucéphale, plume et lavis du peintre vénitien Tiepolo (XVIIIe s.).
Il déplore les victoires de son père au lieu de s'en réjouir, criant à ses camarades : - Mon père prendra tout, enfants, et ne me laissera rien de beau ni de magnifique à faire et à conquérir avec vous . (Plutarque).
Les maîtres les plus réputés veillent sur son éducation. Des précepteurs choisis, placés sous l'autorité de Léonidas, un parent de sa mère, forment son corps, sa réflexion et sa morale. Il excelle en tout, et acquiert l'habitude de la frugalité : Léonidas fouille ses coffres pour s'assurer qu'Olympias, sa mère, n'y a point caché quelque douceur. De cette époque date son amitié pour son camarade Ephestion, qui le suivra dans ses conquêtes asiatiques jusqu'à ce que la mort les sépare.

Bucéphale a peur de son ombre

Avec l'histoire de Bucéphale, Philippe saisit mieux le caractère de son fils. Bucéphale est un cheval qu'un noble Thessalien vient de lui apporter - Philippe se piquait d'être un connaisseur en chevaux, et la Thessalie était réputée pour ses écuries - pour le lui vendre. Face à la somme considérable réclamée pour ce cheval prétendument remarquable, Philippe trouve la bête rétive. Les écuyers arrivent mal à la maintenir. Il le déclare indomptable et refuse le marché. Et Alexandre de multiplier les remarques acides : « Ô dieux ! Quel cheval ils rebutent pour ne savoir à faute d'adresse ou de hardiesse s'en servir » (Plutarque). Excédé, Philippe le met au défi de réussir là où des cavaliers émérites ont échoué et parie avec son fils le prix du cheval. Alors Alexandre, s'avançant calmement vers Bucéphale, lui tourne la bride vers le soleil, lui fait faire quelques pas, et parvient à le monter sans cri ni coup. Lorsque son fils ramène le cheval. Philippe, d'abord inquiet, le félicite. Alexandre lui explique alors qu'il a simplement remarqué que Bucéphale avait peur de son ombre et que, plus il se démenait, plus sa frayeur augmentait. Philippe, frappé davantage par l'intelligence que par l'adresse de son fils, de s'écrier : « Ô mon fils, il te faut chercher un royaume qui soit digne de toi, car la Macédoine ne te saurait tenir. » Et c'est ce même cheval Bucéphale qui portera Alexandre au fin fond de l'Asie. Philippe mande alors à grands frais Aristote le philosophe, qui achèvera son éducation près de Pella, dans le domaine de Mieza, avec la philosophie, la politique, les sciences, Homère, Euripide. Aristote, maître hors du commun que le disciple Alexandre admirera jusqu'à sa mort.
En 340, à seize ans, il remplace temporairement son père à la guerre, étant dépositaire du sceau et du pouvoir royal. En 338, il combat avec gloire et courage à la tête de l'aile gauche de l'armée à Chéronée, contre Athènes. Combat de répétition...

Philippe est assassiné

Au printemps 336, Philippe crée la Ligue de Corinthe dont le but officiel est l'union sacrée des cités grecques pour libérer les Grecs d'Asie... En fait, il s'agit de préparer le terrain pour un débarquement prochain. Mais Philippe ne fera pas l'expédition d'Asie. Il vient d'épouser sur le tard, en 337, la jeune Cléopâtre, ayant pour ce faire répudié Olympias, vindicative ; qui plus est, Philippe veut marier un de ses bâtards faible d'esprit, Arrhidée, à une princesse carienne, ce qui en fait un concurrent potentiel en vue de la succession au trône. A l'été 336, un noble macédonien, Pausanias, outragé par l'oncle de Cléopâtre. assassine Philippe. On soupçonne fortement Olympias d'avoir armé son bras, elle qui, par vengeance, force sa rivale à se pendre après avoir fait tuer son enfant, la petite Europe, entre ses bras. Le doute effleure aussi Alexandre, qui pourtant fait châtier les conjuré et érige à son père la somptueuse tombe royale de Vergina.
Alexandre III est roi. Il a vingt ans et va conquérir le monde. Pour ce faire, il se rend à Corinthe, où il se fait reconnaître, conformément au pacte de 338, chef des contingents de la ligue chargés de l'expédition d'Asie. Congratulé par tous, il attend les félicitations d'un philosophe célèbre, Diogène le Cynique bien connu pour son refus des conventions sociales et de tout luxe. Il loge même dans un tonneau comme un chien dans sa niche. Par curiosité, Alexandre va le retrouver en personne, dans le quartier de Granium, à Corinthe. Face à l'indifférence du philosophe, il lui demande ce qu'il souhaiterait : « Ôte-toi de mon soleil », répond alors Diogène, à qui le roi fait de l'ombre. Quel quolibet ! Admiratif, Alexandre interrompt sèchement les moqueries de ses courtisans et lance, tel un géant : « Sachez-le, si je n'étais Alexandre, je voudrais être Diogène. »
Son départ est auréolé de prodiges. Au printemps 335, voulant consulter l'oracle de Delphes comme tout Grec le fait avant d'importantes décisions, il y arrive un jour néfaste, celui où il n'y a pas de consultation. Contrarié par le refus de la Pythie, prêtresse d'Apollon, il décide de la traîner de force au temple. Elle s'écrie alors : « Tu es invincible, mon fils », ce qu'il interprète comme un oracle excellent.
Dans la ville de Lebethre, la statue d'Orphée, en bois de cyprès, se met à suer. « Que les poètes transpirent, rétorque Alexandre à ce présage inquiétant, ils auront dur labeur à chanter tous les exploits que j'accomplirai ! » Dès qu'il a franchi l'Hellespont, Alexandre se dirige vers la Troade. Quarante mille fantassins, quatre mille cavaliers, trente jours de solde face au basileus qui comptait ses soldats par centaines de milliers.

Statue d'Alexandre
Alexandre le Grand, statue provenant de Pergame (IIe siècle avant J.-C.). Du signe du lion, Alexandre naît le 21 juillet 356 avant J.-C., le jour même où fut incendié à Ephèse le temple d'Artémis, la déesse protectrice des naissances.

L'odysée d'Alexandre

Mais Alexandre est riche de l'Iliade et d'Achille, son ancêtre lointain, au sang divin lui aussi, qui a mis sa jeunesse dans la balance de la gloire, Achille tant honoré au pays de Troie, là où Alexandre va se recueillir et offrir sacrifices et libations. La gloire est sur ses pas. Il multiplie alors les actes symboliques qui le rapprochent des héros homériques.
A la veille de la bataille d'Issos Alexandre tombe malade et, face à l'impuissance des autres médecins, il mande Philippe d'Acarnanie, vieux médecin de la cour de Pella, qui lui prépare une puissante potion. Mais Parménion, un puissant dignitaire de son entourage, tente de dissuader le roi de prendre le remède, car selon lui, Darius aurait acheté Philippe pour tuer Alexandre. Fidèle en amitié, le roi prend le remède tout en remettant à Philippe la lettre accusatrice. La parfaite sérénité du médecin témoigne de la guérison du roi, par lui rendu à la victoire, mais également de sa très vive intelligence et de sa prodigieuse aptitude à juger les hommes.


Le noeud Gordien

Arrivé à Gordion, l'antique cité du roi Midas, durant l'hiver 334, Alexandre se rend au temple pour honorer les dieux de la ville. Les prêtres lui montrent alors un char qui aurait appartenu à Gordios, père de Midas, roi éponyme de la ville. Le timon et le joug sont encore liés par un nœud fort complexe, au sujet duquel le grand prêtre raconte que, selon un oracle antique, celui qui parviendrait à le dénouer serait maître de toute l'Asie. Relevant le défi, Alexandre cherche vainement à délier le nœud jusqu'à ce que, à bout de patience, il dégaine son épée et tranche le nœud gordien passé depuis à la légende.
Il se tire ainsi d'un mauvais pas et galvanise du même coup ses troupes : l'oracle ne disait pas comment le nœud devait être défait !

En Perse il découvre le luxe

Au soir de la bataille d'Issos, le 1er novembre 333, Alexandre le frugal découvre brutalement le luxe perse : mobilier précieux, appartements parfumés, bain raffiné, banquets somptueux, destinés à Darius en fuite, profitent au vainqueur, Alexandre. Ce dernier ne s'en montre pas moins magnanime et digne d'Achille envers Sisygambis, la mère de Darius, envers la femme du fuyard ainsi qu'envers ses filles. Alors que ces dernières s'attendaient au déshonneur, elles n'ont en face d'elles qu'un grand vainqueur, humain et respectueux de leur rang. Respect réellement mutuel : à la mort d'Alexandre, Sisygambis se laissera mourir de douleur et refusera toute nourriture !
Le train des équipages du roi grossit à vue d'œil avec les multiples cadeaux des peuples vaincus. Mais le roi distribue l'opulence à ses soldats, restant toujours aussi sobre et frugal, sauf pour les éloges de ses exploits, qu'il prise fort, après boire (le symposium de la coutume grecque, et le vin grec est délicieux et fort...).
Néanmoins, sa suite est tout simplement grandiose. Les soldats macédoniens amassent un butin considérable, et prennent concubines en pays conquis. Si bien qu'en 325, on compte 10 000 enfants nés dans le camp ! Si le roi, lui, « était parfaitement maître des plaisirs du corps et ne se montrait insatiable que des plaisirs de l'esprit » (Arrien), ses hommes, quant à eux, goûtaient volontiers l'opulence barbare.
La présence imposante des Perses à la cour du roi mécontente beaucoup les nobles macédoniens, dont Clitus, frère de lait du roi Alexandre, qui faisait partie des célèbres somatophylaques (les gardes du corps, les fidèles, dont Ephestion, Seleucos, Ptolémée, Perdiccas, la fine fleur de la noblesse macédonienne).

Ivoire de Begram
Ivoire de Begram (l'antique Nicée). Des échanges croisés s'opèrent entre la culture hellénistico-bactriane et l'art indien : les artistes adoptent les formes de l'orient hellénisé en les remodelant selon les canons de l'esthétique indienne.

Les noces de Suse

Au cours d'un banquet trop arrosé à Samarcande, Clitus reproche amèrement au roi d'oublier les usages macédoniens et de devenir un despote oriental qui laisse, devant les Perses vaincus, ridiculiser les officiers macédoniens en des vers satiriques. Rendu fou de colère par l'audace répétée de Clitus, Alexandre saisit la lance d'un garde et transperce son ami, son frère de lait. Sa colère tombe d'un coup à la vue du corps inerte de celui qui lui avait sauvé la vie en 334, à la bataille de Granique.
Dégrisé, ému par la stupeur et l'effroi de ses compagnons, il tente de retourner l'arme contre lui. Ses gardes l'en empêchent. Longtemps, très longtemps, il pleurera son crime, sa vanité, sa bestialité comme une trahison envers lui-même.
Malgré les critiques et les complots, Alexandre poursuit sa politique d'alliance avec la noblesse perse en épousant solennellement, en 327, Roxane, fille du noble bactrien Oxyarthès, princesse d'une rare beauté, au cours de fêtes somptueuses lors desquelles plusieurs de ses compagnons d'armes épousent également des princesses bactriennes. Mariage politique ; Alexandre emmène en otage et en Inde les deux fils d'Oxyarthès. Mais mariage qui scelle l'union entre la Grèce et l'Asie.
Ce rituel d'union des peuples, Alexandre le renouvelle après son aventure indienne. En février 324, lors d'un immense festin, les noces de Suse unissent des dizaines de nobles macédoniens (90 selon Aelien) à des femmes perses de très haut lignage. Alexandre lui-même épouse deux princesses, dont Stateira, une fille de Darius. Un banquet tout simplement monstre réunit 9 000 convives.
Ces alliances politiques ne sont pas du goût de nombre de ses compagnons et soldats. Et le roi doit user de son prestige (il est colossal) et de toute son autorité pour rallier à sa cause une armée qui voulait faire sédition à Opis.
Il se déplace de capitale en capitale pour tenter d'administrer son immense empire, le tout au milieu des incontournables fêtes et banquets. C'est en automne 324, à Ecbatane, qu'il a l'énorme douleur de perdre son fidèle Ephestion, mort des fièvres. C'était l'ami de toujours. Aigri, meurtri par ce deuil, il se montre d'une cruauté inhabituelle lors de raids sanglants contre les Cosséens insoumis, opération appelée « le sacrifice des funérailles d'Ephestion ». Démesure du roi qui parachève ses conquêtes.

Le diadème du roi tombe à l'eau

Son parcours vers Babylone est assombri par de mauvais présages. Lors d'un sacrifice, Apollodore, capitaine de la place, pose le regard sur une victime dont le foie est dépourvu de lobe... En bateau, le diadème du roi tombe à l'eau ! Au cours d'une revue, un inconnu va s'asseoir sur le trône du roi resté vide un moment. Autant de présages de mort. Alexandre n'en poursuit pas moins ses projets, notamment celui d'un grand port dont il veut doter Babylone.
Le 3 juin 323. au sortir d'un banquet, le roi Alexandre est pris d'une forte fièvre, qui se montre intermittente durant plusieurs jours. Il continue ses préparatifs de départ, poursuit ses projets et se fait porter en litière. Son état s'aggrave. Agonisant, il répond à l'un de ses amis qui lui pose la question de savoir à qui il lègue son immense empire : « Au plus digne. » Tout simplement.
Il meurt le soir du 13 juin 323, entouré de ses soldats totalement désespérés. Des rumeurs d'empoisonnement circulent. En réalité, le grand conquérant a probablement succombé à la malaria.

Un bain de sang

A peine proclamé le deuil général dans tout l'empire, les généraux se disputent les dépouilles royales. Terrible succession dans un bain de sang pour un empire colossal, éphémère et déchiré. Embaumé, le corps du roi doit être transporté somptueusement sur un char jusqu'à l'antique capitale macédonienne d'Aigiai.
Mais Ptolémée décide d'emporter le cadavre en Egypte et l'inhume dans un magnifique monument à Alexandrie. Dès la mort du roi, artistes et historiens font naître le mythe. Archétype du héros. Alexandre reste surtout le formidable ferment de contacts porteurs entre civilisations. L'alexandrinisme et son rayonnement contribuent à souder les cités et à donner aux Grecs divisés et individualistes l'idée d'un hellénisme fédérateur.
Mais Alexandre, sous l'influence d'Aristote, fait aussi de son aventure une expédition scientifique composée d'historiens, d'artistes, de naturalistes. Du fin fond de l'Asie, il envoie des échantillons à Aristote. Aspect important de la conquête, elle donnera un nouvel essor à la science grecque, tout particulièrement à la géographie, à l'astronomie et aux sciences naturelles.

Noëlle et Régis Gombert
Noëlle Gombert est agrégée de lettres.
Historien, Régis Gombert est docteur de l'université de Franche-Comté.

1 : Plutarque. Les vies des hommes illustres. Alexandre le Grand, traduction de Amyot (Bibliothèque de la Pléiade).) (Retour)

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