L'embaumement et les momies
L'embaumement ou l'art de faire une momie...
Les Egyptiens croyaient à la survie de l'âme après la mort...il fallait donc que l'âme ait un endroit où vivre. Et si l'âme était éternelle, le corps devait durer des "millions d'années"... Au commencement, les Egyptiens enveloppaient les défunts dans une natte ou une peau de boeuf et les enterraient dans le sable. La chaleur desséchaient les corps avant la décomposition. Les embaumeurs mirent au point une technique qui évolua au cours des siècles pour obtenir ce dessèchement artificiellement. Ce traitement durait 70 jours et à l'origine, il n'était réservé qu'au Pharaon. Plus tard, les nobles et hauts fonctionnaires se firent embaumer.
Le corps était placé sur une table d'embaumement. Cette table en pierre, sculptée en forme de lion, présente des rainures qui permettaient l'écoulement de l'eau et des fluides naturels lors du lavage et du traitement du corps. La première étape de l'embaumement qui ne commençait que 2 ou 3 jours après la mort, consiste à sortir le cerveau de la boite crânienne et ce, par les narines.
Pour cette opération, ils utilisaient un crochet de métal, généralement en bronze et mesurant jusqu'à 40 cm de long...Ce crochet perçait la lame criblée de l'ethmoïde, déchirait les membranes et triturait le cerveau. Le hachis obtenu était évacué par le même chemin. Plusieurs scientifiques (Studhof, Leek, Lister) ont prouvé qu'un bâton métallique en spirale était utilisé pour cette évacuation.
Parfois, le cerveau était extrait par le trou occipital, la tête étant désarticulée puis refixée avec un pieu de métal qui s'enfonçait dans la cage thoracique. Au début, la boite crânienne était laissée vide. Ce n'est qu'à partir de la XIIème dynastie environ que l'on prit l'habitude de la remplir avec des bandelettes trempées dans un mélange de résine de conifères, de cire d'abeille, d'huiles végétales et plus tard de goudron. Cet ensemble se solidifiait et formait une croûte. La radiographie de la tête de Toutânkhamon a ainsi révélé deux niveaux opaques : l'un vertical, l'autre horizontal indiquant que les liquides d'embaumement avaient été versés une première fois le corps étendu horizontalement, puis après séchage, une deuxième fois le corps maintenu verticalement.
La deuxième étape consiste à éviscérer le défunt. On se servait alors d'une lame tranchante en pierre (schiste) avec laquelle on pratiquait une ouverture latérale dans l'abdomen. L'embaumeur introduisait sa main et retirait les intestins, les poumons, le foie,
l'estomac qui étaient ensuite lavés dans du vin de palmes, farcis de myrrhe, d'anis et d'oignons, enveloppés dans une toile de lin très fine et placés individuellement dans les vases canopes. Le coeur, siège de la raison, de l'esprit et des sentiments, restait en place ou était remplacé par un scarabée coeur. Les vases canopes, sans le contenu desquels le corps ne serait pas complet, étaient déposés dans la tombe. C'est après la XXIème dynastie que l'on joignait l'image des Quatre Fils d'Horus à ces récipients. Le plus ancien retrouvé date de la IVème dynastie (Ancien Empire) et contenait les viscères de Hétéphérès, mère de Khéops.
On a rarement réintroduit les viscères dans l'abdomen. On a cependant trouvé des momies contenant encore tous leurs viscères. Il fut aussi découvert en Nubie, une momie vidée de ses organes sans qu'aucune incision n'ait été pratiquée. Ce qui laisse interrogatif sur le procédé employé. La cavité abdominale vide était soigneusement lavée avec le même vin de palmes puis aspergée d'huiles parfumées. Le ventre était ensuite rempli d'un mélange de myrrhe pure, de la cannelle, du cinnamome, de la sciure de bois, du henné, de la poix, des grains de poivre et autres aromates, une quinzaine d'ingrédients en tout. L'incision abdominale était parfois suturée mais le plus souvent, on versait dessus de la résine ou de la cire fondue, ou encore on la recouvrait d'une plaque d'or. On bouchait les ouvertures du nez, de la bouche, des yeux et des oreilles suivant la même méthode.
Venait ensuite l'étape de la dessiccation qui devait préserver le corps. Le bain de natron (silicate de soude et d'alumine) que mentionne Hérodote, n'a été utilisé qu'à l'origine car dès le Moyen Empire, les embaumeurs se servaient de la poudre de natron, beaucoup plus efficace. Ce carbonate hydraté de soude se trouve en abondance en Egypte, à l'ouest du Fayoum, dans l'Ouadi-Natroun, la "prairie du sel". Le défunt était donc recouvert de 10 fois son volume de poudre. Ayant des propriétés hygroscopiques, le natron absorbait l'humidité des tissus durant plusieurs semaines.
Au cours de ce lent processus, la peau pelait et les ongles se détachaient. Une incision était faite à la base de chaque ongle, un fil végétal était roulé autour du doigt pour éviter toute perte.
Quand le défunt était un roi ou un riche personnage, des doigtiers d'or coiffaient les extrémités des doigts pour les protéger. Après avoir été retiré du natron, le corps était lavé et oint d'huile parfumée. C'est à ce stade que l'on commençait l'enroulement des bandelettes de lin. Cette procédure délicate et raffinée durait environ 16 jours et nécessitait jusqu'à 375 mètres carrés de tissus pour une seule momie. On accompagnait cette procédure de formules sacrées, de même que l'on plaçait quantité d'amulettes entre les épaisseurs de lin.

On a pu dénombrer 87 amulettes diverses sur une momie. Les bandelettes étaient badigeonnées de "gomme" comme la nomme Hérodote, gomme qui fixait le tissus. Au cours des siècles, cette gomme a développé de nouvelles substances chimiques qui la firent durcir et coller la momie dans son cercueil. C'est la raison pour laquelle la momie de Toutânkhamon se brisa en plusieurs morceaux quand on voulut l'en extraire en utilisant un burin. La phase d'enroulement des bandelettes achevée, le travail de l'embaumeur était terminé et la momie rendue à la famille pour les funérailles. Il existait une autre technique d'embaumement, beaucoup moins coûteuse. Pour les moins fortunés, on se contentait d'injecter de l'huile de cèdre par voie rectale, puis de suturer cette voie d'entrée pendant la période de dessiccation dans le natron. Plus tard, cette voie était à nouveau ouverte laissant passer les viscères corrodés par les huiles.

 

Les embaumeurs travaillèrent d'abord sous des tentes très aérées près des rives du Nil, à cause du grand besoin en eau pour laver les cadavres. On retrouva quelques plantes aquatiques sur certaines momies. Puis ils pratiquèrent leur art dans de grandes salles spéciales appelées "Maison de Pureté". Nous ignorons si les embaumeurs, durant leurs activités portaient des masques comme celui-ci. Ce masque d'Anubis est en terre cuite, doté de trous pour les yeux et mesure 40 cm de hauteur. Les embaumeurs ne devaient pas être toujours très attentifs puisqu'on a pu retrouver à l'intérieur de momies : crochets de cuivre, spatules, pinces, aiguilles, cuillères et même une...souris !
Il n'en reste pas moins que leurs oeuvres ont traversé le temps, presque intactes, à l'image de cet enfant.

Ou encore, la momie de Ramsès II parvenue jusqu'à nous après un voyage de trois mille ans.

La momie du Pharaon a bien failli se décomposer dans les années 70 du XXème siècle, mais fut sauvée en France, par une équipe de chercheurs dirigée par Christiane Desroches Noblecourt.

 

Le travail des embaumeurs était hors de cause. Ceux qui avaient momifié ce corps, étaient alors au summum de leur art. Enfin n'oublions pas que toutes ces étapes de l"embaumement se déroulaient en présence de prêtres qui prononçaient des formules sacrées, des incantations et nommaient les dieux... Car ce sont eux qui préservaient les hommes de la disparition définitive et sans la protection des dieux, la meilleure technique de momification était purement inutile.


Site d'origine : http://www.eg.ovh.org/embaumement.htm



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